On va s'aimer - Histoires de Sexe

On va s'aimer

... patronyme. Ce dimanche-là, dans la petite salle de l’église, les clitoris dressés, frottés l’un contre l’autre, procurent aux deux tribades des voluptés intenses et répétées dont elles sont obligées d’assourdir l’expression en se mordant les lèvres. Les cuisses sont emboîtées comme deux paires de ciseaux ouvertes ensemble et croisant leurs quatre lames en un même point qui se trouve être l’endroit le plus sensible que connaisse l’anatomie féminine. Le Père Z. relève l’aube sacerdotale qu’il a déjà revêtue pour la célébration avant de se branler vigoureusement, émerveillé par le spectacle extrêmement excitant des deux amantes. Celles-ci ont accepté de bon cœur que le prêtre assiste à leurs ébats intimes, à condition toutefois qu’il s’abstienne de les toucher. L’homme d’Église est âgé de soixante-quinze ans, et son vœu de chasteté qu’il a prononcé voici cinquante ans ne l’empêche pas d’éprouver une véritable fascination pour le joli corps des femmes qu’à défaut d’embrasser il vénère presque à l’égal de Dieu. Il n’a d’ailleurs jamais prétendu à vivre une vocation parfaite. Être témoin de la splendeur d’une authentique union lesbienne est pour lui la source infinie d’un enchantement qui confine à l’extase. Alors qu’il éjacule dans un mouchoir, prenant garde à ne pas répandre la moindre goutte de sperme qui pourrait le trahir, il chantonne à voix basse : — Vous aimez cette chanson, Père Z. ? demande Elsa. Pourtant, je vous ai souvent entendu vous révolter contre la mièvrerie, et ...

... les paroles me semblent plutôt fades et légères…— Fades et légères, vraiment, vous trouvez ? Je ne crois pas ! Si on y réfléchit, on pourrait même affirmer qu’elles sont d’une profondeur étonnante. Quel étonnant bonhomme que ce Gilbert Montagné, pas très grand, aveugle de naissance, et fils d’une Juive qui a échappé par miracle à la Shoah en usurpant l’identité de l’autre épouse de son mari bigame : à soixante-cinq ans, il aura toute sa vie chanté l’amour devant son public, à pleins poumons, inlassablement, malgré toutes les vicissitudes de sa vie et de l’histoire des hommes ! Bien des prêtres sont moins inspirés que lui pour chanter la force incroyable de l’Esprit qui unit les hommes avec les femmes. J’ai marié combien de couples qui se sont connus en dansant sur cet air ! Parfois même ils tiennent à passer le disque à l’église, pour leur mariage. Moi qui vous vois vous aimer toutes les deux, je crois que vous touchez vraiment le ciel, et j’ai l’impression de vous accompagner dans votre grâce amoureuse, mais sur un bout du chemin seulement, hélas, à cause d’un pauvre corps délabré. D’ailleurs, je ne saurais que trop vous remercier de me laisser vous regarder en train de vous enlacer toutes les deux.— Et nous, en retour, nous vous remercions de nous donner un lieu discret où nous retrouver chaque dimanche, répond Elsa. Autrement, nous ne saurions pas où aller. Le fait que vous nous regardiez ne me dérange pas.— Moi non plus, dit Pascaline. Et pourtant, les hommes me font en ...