Rat de bibliothèque - Histoires de Sexe

Rat de bibliothèque

En ces temps reculés où les livres avaient encore cours, tu exerçais à la bibliothèque municipale. Ce métier, tu l’aimais au point de ne le quitter que bien après la fermeture des portes. Passé l’angélus, à l’heure tardive où les employées municipales étaient rentrées chez elles finir leur tricot devant le bouffon cathodique, toi, ma gazelle, tu faisais du zèle dans la pénombre des rayonnages. Pour améliorer l’accueil, il te fallait repenser l’accès à ton fonds, me disais-tu en te drapant de professionnalisme. Que voulais-tu bien dire par-là ? Pour conforter ce que ma perversité me laisser entrevoir, je me fis rat de bibliothèque. Le jour où je vins me glisser dans le labyrinthe des travées, quelle ne fut pas ma joie d’entrevoir ton impudeur rayonner au travers des cimes des chaînes de livre. Dans l’étroitesse des rayonnages, tu avais balancé tes manuels de classifications trop oppressants pour des jambes aussi lestes que les tiennes. Cambrée sur ton échelle, tu faisais l’étalage d’une culture dont tu n’exhibais que les trois premières lettres, quand ta petite jupe grise de bibliothécaire ne suffisait déjà plus à contenir les extraversions de tes cuisses. De mon trou à rat, je crus revisiter, dans ton trou de serrure, l’Ecole des an(n)ales et L’éloge du con. Du bout de ton doigt humecté de salive, tu commençais à t’effeuiller. Comme ces livres animés pour enfant, tu t’ouvris sur une gueule béante qui n’était pas celle d’un gentil hippopotame ni celle d’un vilain crocodile. ...

... Quant à la petite languette rorose que tu extirpais de ton livre-surprise, je n’aurais pas supporté qu’elle tombe dans d’autres menottes que les miennes. Avec quelle conscience professionnelle tu te livrais à la mise en valeur de ton fonds pour qu’il me fusse plus attrayant encore ! Bouleversé par de tels usages, j’épousai ta cause dans l’espoir que tu m’accueilles dans ta structure. Je te pris en flagrant délit, tu t’en fus en délit de fuite. Tout au long d’infinis rayons, je suivais dans ton sillage le fil troublant de ton sillon jusqu’au bout des rayonnages. Au septième art, tu t’es tirée dans un drôle de cul-de-sac, au septième ciel où je t’ai tirée, j’ai foutu ton petit cul à sac. Là, exhibant tes seins, tu te gaussais de plus noirs desseins que ces dessins de gosses à dessein exhibés. Indexant de mon index ton codex et ses annexes, je fis consciencieusement l’inventaire de ce mille-feuille s’étalant sur huit pages dont la couverture illustrée en couleur hésitait entre le rose et le rouge. Quel passionnant document à faire connaître aux yeux de tous ! Par bonheur, la Providence avait placé là une photocopieuse. Tu t’adonnas sur la machine, je m’échinai là sur ma Madone. J’ajustai la touche bright sous ton buste sans copyright. À cran, ton bouton vira au rouge quand le bouton sur l’écran se fit vert. La machine me dit « prêt à copier, » je lui répondis : « paré à tirer ! » Plan à deux pour copie A3, tes 3 as copiés sur deux plans, j’abusai à pleine page du photocopillage de ...