1. Addicte (5)


    Datte: 25/11/2017, Catégories: Lesbienne

    Candice me déposa à ma demande vers 7 heures du matin près de l’Hôtel de ville après une nuit presque sans sommeil parsemée d’étreintes. Un sourire sincère conclut notre aventure. Pas de coup de foudre, ni malentendu ni malaise, encore moins de mensonge, elle avait cherché une amante, moi une révélation, toutes les deux nous avions obtenu satisfaction. Elle fit demi-tour en direction du Pont Marie, en route pour rejoindre son équipe de tournage devant le Palais du Luxembourg. Un jour encore doux se levait, incitation à une réflexion qui n’avait rien d’amer, au contraire. Je rentrerai ensuite dans mon nid douillet, avide d’un repos réparateur, tandis que dans un car-régie près du Sénat une maquilleuse pesterait face aux cernes de la journaliste vedette. Cette histoire représentait davantage qu’une rencontre improbable dans une soirée un peu arrosée. Était-ce une tare ou une gloire d’accepter enfin ma nature profonde ? Car le doute n’était plus permis. Je déambulai d’un pas léger jusqu’au petit bar-tabac de la rue Renard, là où tout avait commencé onze jours plus tôt avec l’apparition de Chantal dont je n’avais aucune nouvelle. Continuait-elle à dévergonder les filles de passage perdues dans la capitale ? L’idée me fit sourire à l’instant de m’installer sur la terrasse encore déserte avant l’arrivée des fonctionnaires de mairie pressés par le besoin de nicotine. Le patron conservait l’allure d’un personnage de Marcel Pagnol, un torchon humide ajusté sur l’épaule comme la ...
    ... marque de sa fonction. Il se montra un peu plus loquace que la première fois. – Bonjour mademoiselle, belle journée, hein. Je vous sers un petit café ? Je lui souris, comme j’avais envie de sourire au monde entier. – Un thé au lait avec deux croissants, je meure de faim. Grande, élancée, la coiffure rousse déstructurée autour d’un visage grave à la limite de la sévérité, le regard acéré, l’apparition au bras d’Agnès m’interpela. « On arrive » avait pourtant précisé mon amie au téléphone moins d’une heure plus tôt. La visite ce samedi matin m’éveillait d’une savoureuse léthargie dans laquelle j’étais plongée depuis deux jours entiers, branchée sur la chaîne d’info en continue dans l’espoir d’apercevoir Candice. – Axelle, s’amusa-t-elle de ma stupéfaction, voici mon amie Talya Amaliev. Elle va te faire un véritable book d’actrice. Le magnétisme des yeux verts me captiva aussitôt, la célèbre photographe tendit vers moi une main franche. – Je ne mords pas, souligna-t-elle d’un timbre vaporeux à peine teinté d’un accent, du moins pas sur un plan professionnel. Provocation gratuite ou manière de détendre l’atmosphère ? J’aurai volontiers opté pour la première alternative tant il était facile de succomber à un tel charme. Les doigts fins se refermèrent sur les miens. – Je m’absente quelques temps pour affaire, prévint Agnès amusée par ma réaction, Talya voulait te voir avant de partir. – Je suis occupée moi aussi, reprit la photographe dont la sévérité avait disparu, on se voit vendredi ...
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