1. J'ai rajeuni (1)


    Datte: 19/07/2020, Catégories: Hétéro Vos histoires

    J'avais à l'époque quarante deux  ans; j'avais deux enfants et une petite fille. Mes réflexions  à cette étape de ma vie étaient que s'était fini des moments de passions et qu'il était temps de faire retraite dans la charité et la dévotion. Puis insensiblement et brusquement cela a éclaté comme un orage; tout d'un coup. Bien sûr, la première fois que j'ai vu ce jeune homme, il arrivait chez nous pour préparer mon fils à un examen d'entrée à une grande école; l'on m'eut étonnée en me disant qu'un jour l'adolescent délicat, timide et grave, que j'avais sous les yeux, me boulverserait, me ferait mouiller ma culotte rien qu'en me regardant ou en me frôlant la main. Et, cependant, dès cette minute de la présentation, j'ai senti qu'il existait entre ce jeune homme et moi une affinité secrète, un besoin de se connaître l'un l'autre. J'ai eu la certitude que nous serions amis, tendrement amis. Jamais alors je n'aurais pensé :  amants. Car j'étais encore " ce qu'on appelait une honnête femme".
       J'avais vite désarmé sa timidité par des menues paroles douces dont nous avons le secret nous les femmes, comme aussi nous connaissons les mots brefs qui glacent le courage des plus hardis et brises les tentatives  au premier effort. Dix ans plus tôt j'aurais sans doute joué la coquetterie avec ce jeune homme inexpérimenté. Je ne le fit pas. Il me paraissait que le temps m'était compté, trop court pour en perdre de précieuses minutes à des feintes inutiles. Je lui manifestais avec abandon ...
    ... que je me plaisais auprès de lui; je ne lui dissimulais point que son visage, son esprit et le son de sa voix m'étaient agréables. Je l'engageais à me consacrer les instants libres laissées par les leçons qu'il donnait à mon fils. S'il avait été moins inexpérimenté vingt fois en ces trois mois il aurait pu me prendre et je me serais donnée avec reconnaissance. Il se contente de se laisser aimer, indécis, pensif.  Je l'adorais et c'est moi qui suis devenue inquiète. M'aimait-il, lui? Certainement; il avait de la reconnaissance  pour l'affection que je lui témoignais. Mais est-ce qu'il m'aimait comme doit aimer un amant? Me désire-t-il? J'interrogeais, quand je me trouvais seule,  les miroirs  de ma demeure. J'essayais de juger mon visage avec indifférence et sincérité. Hélas! Je me rendais compte que j'étais belle encore, mais d'une beauté mâture. Pourquoi la marque des années apparait d'abord au visage. Pourquoi cette portion de notre corps que les yeux des autres voient sans voile tandis que nous sommes contraintes de cacher tout le reste, tout ce qui demeure parfois désirable, jeune jusqu'au seuil de la vieillesse? Eh! bien! telle était me peur de ne point sembler jeune à Salim, tel était mon désir d'être désirée que je souhaitais un hasard lui dévoilant ce que cachent les mystères des robes et des dessous, ce corps qui, lui, n'avait pas vieilli, j'en étais sûre! qui, de mon cou à mes chevilles était plus désirable que le corps incertain d'une vierge! Oui, moi, honnête femme, ...
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