1. La balade australienne


    Datte: 03/07/2017, Catégories: fh, inconnu, voyage, bateau, amour, jalousie, cérébral, pénétratio, mélo, portrait, policier, aventure, amourdram,

    ... Une fille paumée comme il doit y en avoir dans tous les ports du monde. Une fille tout de même, un être humain. Il lui demanda : — Tu sais où je peux trouver une voiture ?— P’t’être… !— P’t’être quoi ?— P’t’être… si j’y trouve mon intérêt ! Hubert se releva et prit son sac marin. Ce faisant, il fit choir la fille au sol. Il jeta le sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie du port. Il sentit rapidement que la nana était toujours derrière lui. — T’as un visa, Frenchy ? Il s’arrêta, se retourna et la regarda à nouveau. — Nan, j’n’ai pas d’visa, lui répondit-il.— Moi, je sais comment sortir du port sans passer par la douane.— Et ça me coûte combien ?— Trente dollars et je te suce quand même si tu veux. Hubert partit d’un grand rire. Il ne déboursa pas un centime, mais elle le fit sortir par une porte discrète. Elle l’amena aussi dans un terrain vague, où tel un caravansérail, s’étalait une quantité de vans dont un bon nombre étaient à vendre. Hubert parcourut le terrain et tomba en arrêt devant un Combi Transporter. Un T1, un Split, pour lequel les collectionneurs européens se battraient. Il était affiché à deux cent dollars et, bien qu’en très mauvais état, il l’acheta. Trois jours de mécanique, un bon nombre de pièces à changer et le combi avait retrouvé une nouvelle jeunesse. Cela lui avait coûté cinq cent dollars de pièces, mais le véhicule était en état de marche. Pas un bolide, mais pas grave, quand on n’est pas pressé. Encore deux cent dollars pour la Rego (La « ...
    ... registration », carte grise et assurance, chez nous) et il pourrait partir. La fille était restée là pendant tout ce temps, assise à l’ombre à le regarder travailler. Le premier jour, à la mi-journée, elle était allée jusqu’à la station-service et en revint avec deux sandwiches et deux bières fraîches. Hubert l’avait remerciée d’un geste de la main. Le soir, ils se dirigèrent tous les deux vers ce même commerce pour y faire un brin de toilette. Passant devant le drugstore, il lui tendit un billet de 20 dollars et lui dit : — Tu t’occupes de l’intendance ? Elle le regarda, prit le billet et ne dit rien. — Et t’as même pas besoin de me sucer pour ça ! Elle sourit, haussa les épaules, lui tourna le dos et entra dans le magasin. Il ressortit le premier et retourna vers le combi. Il s’assit à l’ombre, le dos contre la carrosserie encore brûlante et regardant alentour : cette concentration de véhicules hétéroclites et de gens bigarrés avait un côté sécurisant. Il se sentait bien, au milieu de cette assemblée de hippies sur le retour, d’aventuriers velléitaires et de SDF, eux, biens réels. Hubert ne choquait pas dans ce milieu, avec sa haute stature, ses cheveux longs et sa barbe brune, son habillement à peine moins dépenaillé que ses congénères, quelques cicatrices et un visage buriné par le soleil le classaient dans les aventuriers. Il ne restait plus grand-chose du jeune ingénieur, major de sa promotion, et toujours propre sur lui. Le jeune cadre dynamique avait fait place à cet ...
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