1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 12/12/2017, Catégories: nonéro, policier,

    ... n’en ai pas la moindre idée, convint Tomaze avec franchise. Julien relut une seconde fois le texte, tapé à l’ordinateur, sur une page blanche d’écolier. Puis il le relut une troisième fois, et la ride se creusa encore plus profondément sur son front laiteux. — Ça ne peut pas être le clergé, affirma Julien.— Oui, c’est aussi mon idée.— La mafia ?— J’y ai pensé aussi. Mais c’était il y a deux ans, pourquoi remettre ça sur le tapis ? Nous avons réglé nos comptes. Et puis, j’ai déménagé…— Alors ton client Bernard ?— Je ne le pense pas. Tu as vu, cette personne insiste bien sur le fait que je ne m’appellepas Tomaze. Julien pâlit et fixa son ami d’un air inquiet. — Oui, c’est vrai, murmura-t-il. Quelqu’unsaurait donc ?— Je crois que c’est la seule explication possible. Ils n’ajoutèrent rien, même si un nom flottait entre eux aussi réellement que s’il avait été prononcé. — Tu les as reçues où ? À ton bureau ? Tomaze soupira et vint s’asseoir devant son ami. Son corps plié en deux paraissait bien moins imposant, et beaucoup plus vulnérable. Son visage était impassible et sa mèche blanche ressortait encore plus que d’habitude contre l’ébène de ses cheveux. — C’est là que le bât blesse, commença-t-il. Les lettres sont arrivées, il y a un mois. À mon bureau, j’entends. Mais il y a environ une semaine, elles ont commencé à m’arriverchez moi. Julien sursauta. — C’est impossible ! s’exclama-t-il. Personne ne sait où tu habites !— Eh bien si, figure-toi… Il y eut un bref silence. — Tu ...
    ... veux parler de moi ? dit Julien d’un ton soupçonneux. Tu crois que j’aurais pu…— Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, bien sûr. Mais je voulais savoir… où as-tu rangé mon adresse ?— C’est donc ça, tu voulais savoir si quelqu’un avait pu y avoir accès ? Tomaze hocha la tête. Julien eut un curieux sourire et rendit l’enveloppe à son ami. — Eh bien, mon vieux, c’est impossible. (Il mit un doigt sur sa tempe) Parce que ton adresse est écrite là, par cœur. J’ai une très bonne mémoire visuelle. Tu le sais d’ailleurs… L’écrivain poussa un nouveau soupir, encore plus lourd que le dernier. — Tu ne l’as jamais écrite nulle part ? insista-t-il.— Les seules fois où j’aurais pu l’écrire, c’est sur des lettres que je t’aurais envoyées. Et tu sais bien que je ne t’envoie rien à ton adresse personnelle.— Oui, je sais.— Quelqu’un a pu te suivre ? Je veux dire, de ton bureau jusqu’à ton pavillon ?— Je fais toujours extrêmement attention. Tu connais ma façon de faire.— Ton nom est sur ta boîte aux lettres ?— Tu me prends pour qui ?— Ta poubelle, alors ?— Non plus.— Et… il n’y a que moi à qui tu l’aies dit…— Non, coupa Tomaze en détournant les yeux. J’y arrivais. Liana est au courant. Julien manqua s’étouffer, et ouvrit des yeux ronds. — Quoi ! s’écria-t-il. Tu as donné tonadresse à un client ?! À unefemme ? Tomaze semblait gêné. — Elle voulait me voir, se défendit-il.—Elle voulait te voir ? répéta Julien avec perplexité.— C’était dimanche. J’avais un peu bu la veille et ça ne me disait rien ...
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