1. La Tour d'Ivoire


    Datte: 12/12/2017, Catégories: nonéro, policier,

    ... Liana dans un rire.— Je préfère vous entendre rire, que de vous voir au bord des larmes, dit soudain M. Tomaze. Elle détourna la tête. — Je suis heureuse de vous avoir parlé. Je me sens un peu mieux maintenant.— C’est quand votre ami vous a quitté que vous avez arrêté de fumer, n’est-ce pas ? Alors… que dois-je penser du fait que vous ayez recommencé aujourd’hui ? Bonne ou… mauvaise chose ? La jeune femme haussa les épaules. — Je ne sais pas. Peut-être que je recommence à vivre, qui sait, murmura Liana. Elle avait parlé si bas qu’il avait dû se pencher pour l’entendre. — Mais fumer est nocif pour la santé, et donc l’existence, objecta M. Tomaze.— Probablement. Mais au moins, j’ai envie de quelque chose. Et croyez-moi, c’est un grand pas en avant…— Hum, maugréa l’écrivain, ne semblant pas convaincu. Et… le journal ? Liana se raidit, immédiatement sur ses gardes. — Quoi, le journal ?— Le journal que vous m’avez montré dimanche. Qu’en avez-vous fait ? Liana resta muette pendant un long moment. Ils continuèrent de marcher, en silence cette fois. — Ce journal vous intéresse beaucoup, Tomaze, déclara Liana, avec une sorte de nonchalance qui déplut à son compagnon.— Oui, et alors ? C’est vous qui m’en avez parlé. J’ignorerais encore son existence, si vous aviez gardé le silence. Elle ne dit rien. — Et puis, votre… idée d’avoir été suivie m’intrigue. On vous donne un journal intime, voilà qui n’est pas banal. Et vous avez l’impression d’être suivie. Avouez-le donc que ce n’est pas ...
    ... banal !— Oui, concéda-t-elle avec mauvaise grâce. Ce n’est pas banal en effet. Mais que puis-je y faire ? On ne m’a pas demandé mon avis… Et puis de toute façon, j’ai aussi réfléchi à ça. Je ne pense pas qu’on m’ait suivi. À quoi cela aurait-il servi ? À qui ? C’était stupide de ma part. Si cette dame m’avait vraiment donné ce journal, elle l’aurait laissé dans la boîte à lettres de mon studio, et non chez mes parents. C’est à mon studio que j’allais ce jour-là. Comment aurait-elle pu se procurer l’adresse de mes parents ? C’était vraiment stupide, conclut-elle amèrement. M. Tomaze médita un moment sur la question. — Écoutez, je ne pense pas que vous ayez été suivie, moi aussi. Je ne voudrais donc pas aller dans votre sens, mais je me plais à utiliser les méninges que notre cher créateur nous a probablement accordées avec une idée bien divine derrière la tête — aussi divine que secrète ajouterais-je — mais, quoi qu’il en soit, je ne vous demanderai qu’une chose : pourquoi associez-vous forcément ces deux évènements ensemble ? Liana lui jeta un regard à la dérobée. — Comment ça ?— Vous me dites qu’il était stupide de penser que vous étiez suivie parce que cette dame en question vous avait filé jusqu’à votre studio et pas jusque chez vos parents, alors que vous avez reçu le journal chez vos dits parents. Je vous demande simplement pourquoi vous associez le fait — hypothétique, nous sommes bien d’accord — d’avoir été suivie et le fait d’avoir reçu un cahier dont vous ignoriez ...
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