55.2 Des grains de sable et des pas de crabe (version HDS).
Datte: 01/01/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... partir de cette terrasse ; regarder le beau serveur, si avenant avec les autres clients, alors qu’il est si cassant avec moi, et ça m’est insupportable. Je rentre à la maison encore plus triste que j’en suis parti. Je préférerais encore être en train de me demander si demain il va venir, plutôt que de me dire qu’il va venir juste pour récupérer sa chaînette. Est-ce qu’il va seulement venir Jérém, demain ? Comment je vais m’y prendre pour lui parler, alors qu’il a l’air si remonté envers moi ? Quoi lui dire ? Quelle relation envisager, alors que la distance va rendre encore plus compliqué ce qui est déjà pas mal compliqué à la base ? Dans mes draps, dans le noir, je tente de me rassurer en repensant aux mots de Thibault quand je lui ai parlé de ma peur que Jérém m’oublie, une fois à Paris : « Ça c’est pas possible, crois moi… j’ai bien senti que c’était l’idée de partir loin de toi qui le tracassait… je lui ai demandé quand il comptait te l’annoncer… il a réagi comme à son habitude quand il veut balayer des choses qu’il ne sait pas affronter… il s’est énervé… je suis sûr que c’est aussi dur pour lui que pour toi… il redoute de t’en parler… il redoute de te perdre… lui aussi il a peur que tu l’oublies, que tu ailles voir ailleurs… ne te laisse pas décourager, Nico… vas-y doucement, mais dis-lui ce que tu ressens, n’aie pas peur… ». Vraiment adorable, ce Thibault. Ce Thibault dont la position n’était pas vraiment la plus facile à tenir, tout aussi bien vis-à-vis de son pote ...
... que de moi. Tout pris par mes soucis, je ne pouvais pas m’en rendre compte. Pourtant, après la nuit que nous avions passé tous les trois ensemble, après les avoir vus si proches – les fronts collés, les lèvres frémissantes prêtes à se rencontrer, au moment où nous nous donnions du plaisir, tous les trois emboités, ivres de plaisir – je m’étais posé des questions sur une éventuelle attirance, sur d’éventuels désirs existants entre les deux potes, au-delà de leur amitié ; je m’étais même demandé si ce plan à trois n’était pas une façon, consciente ou pas, de rapprocher leurs désirs refoulés ; je m’étais inquiété du fait que ce plan puisse leur donner des idées, créée un précèdent, démystifier certains tabous, rendre possible un rapprochement sensuel que jusque-là les deux potes s’étaient interdits. De plus, lors de ma rencontre avec Thibault au lendemain de cette fameuse nuit, j’avais pressenti que quelque chose tracassait le bomécano au sujet de son pote ; qu’il y avait des non-dits dans son discours ; qu’il n’était pas aussi bien dans ses baskets que son discours semblait l’affirmer ; que, derrière son désir de nous voir, Jérém et moi, heureux, ensemble, le bomécano s’oubliait, lui, une fois encore. Cependant, trop absorbé par ce qui se passait avec Jérém, hier après-midi encore, j’ai été voir Thibault plus pour discuter de son pote que pour avoir de ses nouvelles. En fait, je ne lui ai pas du tout demandé de ses nouvelles. J’avais trop besoin de m’abandonner, de me sentir ...