1. Hébergement d'urgence (5)


    Datte: 10/02/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    Elle est allée remettre en place, une à une, les robes que la dernière cliente avait laissées en vrac sur la tabouret d’une cabine. Avant de me rejoindre à la caisse. – Vous allez faire quoi ? – Pour ? – Ben, pour cette nuit, tiens ! Quand je serai ici, au magasin, comme on a dit, à m’envoyer en l’air avec Baptiste. – À ton avis ? – Vous allez descendre. Vous allez forcément descendre. Ça, oui, mais après ? Vous allez rester planqué à nous mater dans l’obscurité, ou bien vous allez surgir, d’un coup, comme un diable de sa boîte ? – Qu’est-ce tu préférerais ? – Je sais pas. Je suis partagée. – Et lui ? – Oh, lui, que vous interveniez, alors là, il y a pas photo. J’ai fait mine de m’absorber dans mes factures. – Alors ? Vous m’avez pas répondu. Vous allez faire quoi ? – Tu verras bien. – Ce que vous pouvez être chiant quand vous vous y mettez ! Et elle m’a tiré la langue. * * * Elle a poussé un hurlement de bonheur. – Baptiste ! Baptiste qui venait de faire son apparition, tout sourire, au magasin. Elle s’est jetée dans ses bras. – Baptiste, toi, enfin ! Oh, que je suis contente ! Tu peux pas savoir ce que je suis contente… Et s’est tournée vers moi. – Je peux y aller ? Je peux monter ? J’ai levé les yeux vers la pendule au-dessus de la caisse. – Sûrement pas, non ! Il reste vingt minutes. Elle m’a jeté un regard interloqué. – Hein ! Mais il y a plus personne ! A ébauché un sourire. – Ah, ben d’accord ! Vous le prenez comme ça ? Eh bien, on va voir ce qu’on va voir. Viens, ...
    ... toi ! Elle l’a entraîné vers une cabine, a tiré le rideau sur eux. Un rideau qu’elle a soigneusement ramené jusqu’au bout. J’ai pesté entre mes dents. – La garce ! Une cliente est entrée. Qui a longuement fait le tour du magasin. Tâté ici. Soulevé là. Décroché. Raccroché. Qui a pris tout son temps. De la cabine provenaient, de temps à autre, des soupirs étouffés. Par moments, le rideau vibrait, frissonnait, finissait par onduler furieusement. Toute à son vagabondage entre les portants, la cliente semblait ne s’apercevoir de rien. Elle a enfin, à mon grand soulagement, dérivé lentement vers la porte. – J’arrive pas à me décider. Je reviendrai. Je me suis empressé de descendre le volet roulant. Et j’ai claironné. – Ça y est ! C’est fermé. La tête hirsute, cramoisie, de Coralie est apparue dans l’embrasure du rideau. – Trop tard ! On a fini… Ils se sont extirpés de la cabine. Elle s’est ébrouée, la mine ravie. – Hou ! Comment ça fait du bien. Depuis le temps que j’attendais ça ! * * * On a dîné tous les trois. Et, à la fin du repas, elle a voulu savoir. – On entendait ce qui se passait dans la cabine, du magasin tout-à-l’heure ? – Un peu. Pas mal, même, par moments. – Je faisais attention pourtant ! Il y a eu des clientes ? – Une seule. Mais qui s’est rendu compte de rien. – Ou qu’a fait semblant. Vous savez ce qu’il faudrait ? C’est qu’on le refasse un jour où il y aura plein de monde. Vous, de la caisse, vous observeriez comment ils réagissent, les clients. Et, après, vous nous ...
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