1. Très cher Maître


    Datte: 05/04/2018, Catégories: fh, médical, massage, fdanus, lettre,

    Très cher Maître, La délicieuse soirée que nous avons passée le 14 juillet dernier chez Madame Babin avait été pour nous l’occasion d’évoquer les tourments que ressent votre épouse Anne Désirée. Je vous avais alors informé des séances de soins que je prodigue aux personnes dotées d’un caractère anxieux ou bilieux et qui recherchent apaisement et délassement. Je vous avais alors engagé à vous en ouvrir auprès de votre épouse pour que celle-ci puisse en apprécier l’intérêt. Lors de cet entretien, je m’étais aussi engagé à vous rapporter les résultats que j’aurais pu constater et les espoirs que vous pourriez entretenir quant au retour de Madame à une condition meilleure. Mercredi de la semaine passée, un peu après l’heure du déjeuner, votre épouse s’est présentée à mon domicile de la rue de Marboeuf. Madame Montglat, ma gouvernante, l’a accueillie et, après les présentations, s’est enquise des raisons de sa visite. Il en ressortait que, sur vos conseils, elle espérait une rémission rapide aux angoisses, anxiétés et tourments qui étaient quotidiennement les siens. Consulté par Madame Monglat, j’ai alors proposé de recevoir votre épouse ce jour, en même lieu et même heure. Votre épouse s’est présentée comme convenu. Par commodités j’avais pris soin d’éloigner pour l’après-midi Madame Monglat dont la présence risquait de violer l’intimité nécessaire en pareilles circonstances. Votre épouse était gantée, en chapeau, et robe mode de ville. Nous nous sommes installés dans mon ...
    ... bureau où, je me permets de vous le rappeler, j’ai eu l’honneur de vous recevoir l’hiver dernier, lors de la cérémonie de mon admission comme Chevalier des Arts et Lettres. Notre entretien fut incertain à ses débuts car votre épouse est la pudeur faite femme. Elle hésite beaucoup à s’ouvrir ou à parler d’elle-même, comme si ce sujet ne présentait qu’un intérêt tout à fait secondaire. Nous avons évoqué son enfance heureuse, entourée de l’affection des siens, son frère Paul qu’elle eut la douleur de voir disparaître très jeune dans des circonstances particulièrement douloureuses, puis votre rencontre et les sentiments puissants qui vous ont poussé à vous unir. Elle a semblé revivre en parlant de la naissance de votre fille Valentine et des très grandes joies que celle-ci vous apporte chaque jour. Il fut un moment où, la confiance entre votre épouse et moi-même ayant pris une consistance plus solide, nous nous sommes risqués à évoquer une partie plus intime de votre vie de couple. Mon sentiment premier était que votre épouse souffrait d’une certaine mélancolie provoquée par une crainte diffuse de perdre les bonheurs petits et grands que vous et votre fille semblez lui apporter chaque jour. L’évolution de notre entretien et les confidences qui me furent alors faites, me poussèrent ensuite à imputer les dysfonctionnements dont souffre votre épouse à une raison purement physique. Je m’en ouvris sans détour auprès de celle que je puis considérer maintenant comme ma patiente. Après avoir ...
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