1. C'est ça l'amour ?


    Datte: 20/07/2017, Catégories: fh, fbi, pénétratio, fdanus, amourdram,

    Mardi soir. Je ne me doute encore de rien. Parce que sans doute, c’est son premier vrai repas de la journée, Cécile a déjà englouti le contenu de son assiette. Adossée au buffet de la cuisine, elle allume une cigarette poison. La fumée me pique les narines un instant, qui monte en volutes épaisses et se dissipe écrasée au plafond. Son regard me couvre comme une ombre. Sans avoir levé la tête, je la sais qui m’observe. À peine suis-je en train de finir. Sans être gourmand, j’essaie toujours de prendre un peu de plaisir à manger. J’ai remarqué qu’il en est autrement pour Cécile. La plupart du temps, manger constitue pour elle une simple activité vitale. Vite expédiée, juste nécessaire à remplir l’estomac, pour éviter le tiraillement de la faim, et lui permettre de passer à autre chose. Nerveusement son bras retombe le long du corps, la cigarette qui rougeoie, menace entre ses doigts un peu cireux, un peu jaunes, pour tracer un arc de cercle incandescent jusqu’au genou de son jean. À peine ouvre-t-elle la bouche et articule, que je reconnais le signal funeste. Le ton étudié du médecin quand il doit annoncer à son patient qu’il a une tumeur, mais qu’au fond, ce n’est pas si grave parce que ça se soigne très bien. Il est embarrassé. Mais aussi un peu agacé, parce que c’est toujours désagréable d’être celui qui annonce la mauvaise nouvelle. Finalement ce n’est pas son métier d’affronter le désarroi des gens. Alors, on le comprend, il voudrait être ailleurs. — Faut que je te parle. ...
    ... S’est passé un truc. Je sais déjà que le truc est aussi gros que la maison et qu’en me tombant dessus, il va m’écrabouiller la tête. J’ai beau mâcher et remâcher le peu qu’il me reste dans la bouche. Impossible d’avaler. Dès vendredi, j’avais dû prendre la décision de partir sur la côte. Au dernier moment, sans l’avoir prévu. Je rejoignais la maison de campagne de mon frère, où une histoire de famille attendait que j’y mette le nez. J’en avais profité pour passer un peu de temps là-bas, auprès de mon neveu, Elian. Un grand garçon athlétique de quinze ans, doux et intelligent. De grands yeux noirs ouverts sur le monde, sensible comme un enfant, fort et confiant comme un être doué pour tout. Il m’a fait courir à travers les rues, une tronçonneuse à la main. Les gens avaient beau s’enfuir à ma vue, une jeune femme et deux mecs en chemisette étaient passés sous les dents rutilantes de la machine. Le moteur vrombissait comme une hyène, et couvrait presque les cris. Mais le sang n’a pas giclé quand les corps morcelés sont tombés en masse gélatineuse sur le trottoir. Surpris, peut-être déçu, je me suis plaint à Elian. — Normal ! Le jeu est en version soft. Il m’apprenait alors qu’on pouvait retrouver le réalisme d’une franche hémoglobine, ou bien passer par un degré intermédiaire où le sang coule en jaune. — En jaune ? J’avais bien envoyé de là-bas deux textos à Cécile. Mais ils étaient restés sans réponse. — J’ai rencontré quelqu’un ce week-end. Une jeune femme qui discutait sur le ...
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