Ballade pour un Fossoyeur
Datte: 17/06/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
mélo,
humour,
policier,
fantastiqu,
roadmovie,
... en lui. — Pour… pourquoi… Eddy ? murmura Klaus d’une voix rauque. Le borgne prit une des photos sur le chevalet, et l’approcha des yeux de Klaus. Assez près pour que l’image du gamin se reflète dans ses pupilles dilatées. — C’était leur fils, dit simplement Eddy. Puis, d’une main apaisante, il ferma les paupières de son disciple. Klaus plongea dans la nuit. oooOOOooo Le fossoyeur était dans un état second, hanté par un songe étrange, une chimère grinçante. Les images qui défilaient dans son cerveau n’appartenaient pas simplement au domaine du rêve. Elles évoquaient un souvenir embrumé, qu’il avait essayé d’enfouir au loin, hors de portée de sa conscience. Mais les réminiscences de cette sale affaire n’entendaient pas en rester là. Elles n’en avaient pas fini avec lui. Tout ça remontait à… cinq ans, tout au plus. Il faisait froid. Ce devait être en novembre. Pas sûr… Fin octobre plutôt. La nuit était tombée depuis longtemps. Klaus se trouvait au volant d’un 4x4 volé, un Hummer H2, de couleur noire. Une bonne camelote, qu’il avait piquée pour un coup, à Boston. Il devait descendre un banquier. Il avait trouvé ça cool de buter le type en voiture. Le moteur au ralenti, Klaus attendait qu’il se radine dans sa banlieue chic, avec sa grosse Mercedes. Il avait prévu d’agir au moment où l’autre se croirait vraiment en sécurité. Juste avant qu’il n’arrive chez lui, devant sa villa de rupin, où l’attendaient sa femme et ses gosses. Le tueur avait prévu de dépasser le banquier avec son ...
... Hummer. Une fois à sa hauteur, il lui aurait fait un petit signe de la main par la fenêtre ouverte, juste avant de lui exploser la tronche avec son fusil à pompe. Un Beretta M3P. Une sacrée arme… Ça avait mal tourné. Au moment de doubler le type, une voiture lui avait coupé la route. Et Klaus s’était emplafonné une guérite de cantonniers. À moitié sonné, il avait néanmoins réussi à faire une marche arrière et à se barrer, juste avant que les flics ne le coincent. C’est là qu’un gamin avait traversé la rue, courant derrière un ballon de foot. Juste devant le Hummer, lancé à fond la caisse, tous feux éteints. Klaus avait freiné à mort, mais il n’avait rien pu faire pour l’éviter. Il roulait trop vite. Il avait heurté le môme. Les poulets l’avaient pris en chasse, sirènes hurlantes. Un sacré cirque ! Klaus avait réussi à les semer après plusieurs kilomètres. Il s’était garé dans un bois, avait coupé le contact puis était descendu de l’énorme 4x4 à moitié bousillé. Et là, seulement là, il s’était aperçu que le gamin était épinglé à l’avant de son putain de Hummer, comme un gros papillon de nuit. Le môme s’était empalé sur une barre de fer, qui émergeait de la calandre torturée. Le pieu métallique l’avait traversé de part en part, au niveau du cœur. Bon Dieu, mais qu’est-ce qui lui avait pris, à ce gosse, de jouer si tard dans la rue ? Quand Klaus l’avait décroché, son corps était glacé. Le visage du gamin, étrangement pâle - comme exsangue - s’était gravé dans sa mémoire. De son ...