Les feuilles mortes
Datte: 17/06/2018,
Catégories:
fh,
médical,
forêt,
amour,
pénétratio,
mélo,
... dans un grand bruit, sous la tronçonneuse des bûcherons. Démoralisé, je faisais encore quelques lectures, mais un ressort était cassé. Brel chantait « La vie ne fait pas de cadeaux. » Combien avait-il raison ! Je demandai et obtins ma mutation. Je quittai les brumes des Vosges pour descendre dans le Sud, dans les Pyrénées-Orientales. J’habitais une maison forestière, à l’écart d’un petit village. Les câlins de mon gros matou et de ma chienne pansaient mes plaies. Cette chanson,Les Feuilles Mortes,S’efface de mon souvenirEt ce jour-làMes amours mortesEn auront fini de mourir. ______________________________ Deux ans passèrent. Je vivais toujours en solitaire. Par cette triste soirée de novembre, j’étais assis dans mon fauteuil préféré, un livre à la main, écoutant une compilation de musiques que je me suis constituée sur ordinateur. Pour l’instant, Léonard Cohen me tenait compagnie. Un verre de Pacherenc de Vic-Bilh à mes côtés, je dégustais le calme ambiant. Le chat était allongé sur son radiateur préféré tandis que ma chienne dormait, les pattes en l’air, dans son canapé préféré. Dehors, la tramontane soufflait en rafales violentes. Un visiteur non désiré vint troubler notre quiétude en frappant à la porte ; la chienne aboya, le chat fuit, et je ronchonnai. À l’entrée, une visiteuse, emmitouflée dans une longue cape à capuche. Je ne distinguais d’elle que le bas de son visage. — Monsieur Tallers ?— Lui-même.— J’ai besoin de votre aide et de vos compétences. Sa voix m’était ...
... inconnue, mais je la fis entrer, content de laisser le froid et la tempête à l’extérieur. De mon salon parvenaitLover, lover, lover. Ma visiteuse repoussa sa capuche, dévoilant un joli visage encadré de longs cheveux noirs, et surtout des yeux d’un vert intense. Ce regard, je ne l’avais pas vu depuis… — Pourriez-vous me lire quelques poésies, commeLes feuilles mortes, s’il vous plaît ? Je dus avoir l’air d’un idiot, la bouche ouverte et le regard vide. Le ciel venait de me tomber une nouvelle fois sur la tête. Je reculai jusqu’au fauteuil pour m’y laisser choir. Ma visiteuse enleva sa cape en souriant. Nous étions assis sur le canapé. Elle me raconta son épopée. Cette fois, c’était moi qui lui agrippais la main, tel un naufragé une planche de salut. C’était moi qui écoutais une histoire, son histoire. — D’abord je fus emmenée dans un autre hôpital, où l’on me fit des massages, me fit faire des exercices, fit faire des étirements, me réapprit à marcher. Et aussi à réapprendre à parler, moi, une prof de français. Mais tu me manquais. Ma main dans la tienne, tes poésies, ta voix. J’ai failli tout lâcher, de tristesse. Puis je me suis dit que c’eût été trop con. Je me devais de réussir, pour toi. Sais tu que j’entendais tout ce qui se passait autour de moi ? Je ne pouvais pas réagir, engluée dans ce coma, mais j’entendais tout, je ressentais tout : ta main sur la mienne, tes caresses sur mes doigts. Ta voix si profonde, tes lectures. Même tes exhortations à revenir. Un peu de vie ...