L'ouverture du bal
Datte: 11/07/2018,
Catégories:
nonéro,
regrets,
... essaya de ne pas le montrer. Elle regarda Mr Tomaze, silhouette énorme dans le contre-jour de la fenêtre. Elle ne distinguait pas les traits de son visage. Un poids pesait sur son cœur. Elle avait peur. L’envoi de ce journal, l’apparition de Mr Tomaze dans sa vie, l’étouffante sensation d’être suivie, tout ça ne lui promettait rien de bon. Ne pouvait-il le comprendre ? Mr Tomaze se déplaça imperceptiblement, de façon à ce qu’elle puisse lire l’expression de son visage sans être gênée par la lumière. Derrière les lunettes à montures noires, ses yeux semblaient froids et métalliques. Une ligne dure soulignait la carrure de sa mâchoire. Il avait glissé ses mains dans ses poches, mais elle vit qu’elles étaient serrées en poings, bombées dans le jean de son pantalon. Le corps redressé dans toute sa hauteur, Mr Tomaze semblait tendu, énervé, et très menaçant. Cette démonstration de force relevait plus du défi que d’une véritable intention de nuire. Il la provoquait. Elle avait déclaré ne pas avoir confiance en lui, et il lui montrait à quel point elle avait raison. Ou peut-être, combien son imposante stature n’avait rien à voir avec ce qu’il était réellement. Il ne faut jamais se fier aux apparences, semblait-il dire silencieusement. Ses yeux brûlaient d’un feu intense et énigmatique. Il la dominait de sa taille, mais curieusement, ses yeux flamboyants paraissaient lui suggérer une autre façon de voir les choses. Liana, impressionnée et hésitante, recula de plusieurs pas, la mine ...
... sombre. Le cahier semblait peser une tonne dans ses mains. – Si vous n’avez pas confiance en moi, inutile de revenir me voir, déclara-t-il abruptement. Il avait retrouvé son sang-froid et son assurance. Liana ne fut plus tout à fait sûre d’avoir trouvé assez de bonnes raisons pour douter de lui. – Très bien, commenta-t-elle. J’y réfléchirai. Ils restèrent silencieux une bonne minute, puis Liana se résigna à tourner les talons. Mr Tomaze ne bougea pas. – Vous aussi vous cachez quelque chose, dit-il dans son dos. Elle atteignit la porte d’entrée, et sans se retourner, demeura un instant immobile, la main autour de la poignée, semblant réfléchir. Puis elle tourna la poignée et ouvrit la porte. – Qu’est-ce qui vous empêche de dormir la nuit ? insista Mr Tomaze, toujours dans le salon, et son ton goguenard agaça Liana. Elle haussa les épaules et descendit deux à deux les marches de l’escalier. La porte claqua derrière elle avec un bruit sinistre. Au pied de l’escalier, elle se retourna pour la regarder. Malgré la chaleur et le soleil, elle se sentait fiévreuse. D’une main tremblante, elle arrangea ses cheveux, fixant avec obstination la porte close. Peut-être était-il derrière, peut-être regardait-il par la lucarne qui jouxtait l’entrée. Qu’attendait-il d’elle ? Une brusque rafale de vent la fit revenir à la réalité. Elle tenait dans sa main un mystère, et le résoudre devenait une obligation à présent. Le résoudre seule. Elle se détourna du pavillon, respira un grand coup. L’air ...