1. Science-affliction


    Datte: 13/07/2018, Catégories: sf,

    ... vitam æternam, dans le fichier central Édith. En consultant Édith on pouvait tout savoir de la vie de son possesseur : les programmes qu’il regardait à la télévision, les coups de téléphone qu’il avait passés et leurs contenus, le nombre de fois qu’il avait mis en marche sa machine à laver, les sites qu’il avait consultés sur internet, sa localisation seconde par seconde grâce au GPS intégré, etc. Absolument tout était consigné dans le gigantesque fichier central, dont on ne finissait pas d’augmenter la capacité de stockage. Les ministères de l’Intérieur, de la Défense, des Finances avaient développé des programmes qui scannaient Édith à la recherche de mots-clés, de chiffres ou d’informations. La sûreté du territoire, la lutte contre le terrorisme ou contre la fraude fiscale avaient été grandement améliorées par ce système. Mais la fonction la plus tue du Connecteur, son secret le mieux gardé, était son pouvoir de tuer son possesseur. Sur ordre du Président de la République, et de lui seul, l’onde mortelle pouvait être émise, provoquant la combustion de la puce, grillant instantanément le cervelet. Quand le déploiement des Connecteurs serait terminé, quand toute la population serait équipée, cette onde deviendrait l’arme absolue, la plus puissante, la plus précise jamais inventée. La bombe atomique pourrait alors orner les musées militaires. Une petite partie de la population, considérée comme éléments clés du système, dirigeants, scientifiques de haut niveau, avait ...
    ... toutefois été informée d’une application possible du Connecteur. En cas de danger, sécurité de l’Etat compromise, menace de vol d’un secret scientifique, capture par une puissance ennemie, on pouvait par le biais d’une succession bien précise de pensées envoyer à sa puce un ordre de suicide. oooOOOooo Georges Bredoux se réveilla les idées confuses. Les révélations de l’émission de la veille l’avaient bouleversé. Il sentait sa responsabilité de scientifique médical engagée dans la gestion de la crise pandémique, dix-huit ans plus tôt. La politique de vaccination avait été définie par un comité regroupant les autorités politiques et médicales. Le comité l’avait consulté, bien qu’à l’époque il ne fût pas encore directeur de l’Institut Pasteur mais « simple » chercheur en épidémiologie. Il n’avait rien trouvé à redire aux décisions prises alors par ces sages. Son Connecteur lui signala l’arrivée d’un message retardé du professeur Picard. Il en prit connaissance. oooOOOooo — Maman a été tuée par ces salauds !— Mais non Léa, calme-toi, on ne pouvait pas vacciner tout le monde à l’époque. Tout a été trop vite, l’épidémie a submergé le monde d’un coup, il était impossible de sauver tout le monde. Tu devrais plutôt t’estimer heureuse d’avoir été vaccinée, toi. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui tu es en vie et que tu portes notre petite Marie. oooOOOooo — Je ne peux pas vous recevoir, monsieur Bredoux, j’attends le professeur Picard d’une minute à l’autre.— Je sais. Le professeur Picard ne ...
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