1. Elle et Elle (9)


    Datte: 27/07/2018, Catégories: Lesbienne

    Lorsque nous nous réveillâmes de cette sieste amoureuse, deux heures devaient s’être écoulées : nos corps nus étaient baignés dans la clarté orangée du coucher de soleil. En-dessous de nous, les draps étaient moites de nos transpirations, de nos salives, de nos fluides, des échos de nos soupirs qui résonnaient encore dans l’air de la pièce. Avec Laetitia, on se regarda très très longtemps sans dire un mot. On se dévora des yeux, souriant comme des gamines – toutes proches du rire de joie. Je n’arrivais pas à arrêter de la contempler. J’étais amoureuse. On joua avec nos cheveux, on se donna de petits bisous mignons, on promena nos mains sur nos corps en sueur. « Sinon, tu avais autre chose de prévu pour le weekend ? » lui demandai-je. Ça la fit rire et je ris avec elle, complice, éblouie. Faire l’amour avec elle, c’était la seule chose dont j’avais envie, mon seul besoin, mon seul projet. Ou plutôt non. J’avais deux projets. Le premier : la baiser, la baiser, la baiser, me faire baiser par elle, et encore et encore et encore, parce qu’il était improbable qu’un jour je parvienne à m’en rassasier. Second projet : l’aimer, la chérir, vivre dans la clarté de son sourire, lui tenir la main, me marrer avec elle, l’aimer encore, l’aimer, l’aimer, l’aimer. Laetitia. Notons que les deux idées n’étaient pas incompatibles. Mais nos corps n’étaient pas faits que d’amour : j’avais très faim et très soif, et elle aussi. Nous nous mîmes d’accord sur une trêve, promettant de nous remettre à ...
    ... baiser dès que possible. « Et pour commencer, je crois que j’ai besoin d’une petite douche » dis-je. On se sépara après un interminable bisou, et je pris la direction de la salle de bain pendant que ma petite amie changeait les draps. Tournant le mitigeur, je réglai la température avant de plonger sous le jet d’eau chaude. J’avais des étoiles plein la tête, comme si tout ce qui venait de se passer était irréel. Pourtant, tout était vrai : alors que mon mari m’avait jeté de chez nous, je m’étais réfugiée chez ma meilleure amie, et elle et moi avions couché ensemble, découvrant avec stupéfaction le désir inouï et l’amour naissant qui nous unissait. Je repensai à ce que je l’avais laissé me faire, à ce que je lui avais fait, rougissant de mon audace. C’était comme si Laetitia m’avait donné accès à une partie de moi que je ne connaissais pas, un aspect de ma personnalité plus libéré, plus salace, plus gourmand de sexualité – et d’homosexualité – que je ne l’avais jamais suspecté. Surtout, j’étais enivrée de plaisir et très, très heureuse. C’est con la vie, quand même, quand on y pense. Mais quelque chose interrompit mes rêveries, sans que je ne voie rien venir. La cabine de douche s’ouvrit, dans mon dos : Laetitia venait de me rejoindre. Je crois que c’était ce que j’avais espéré. « Ne te retourne pas » ordonna-t-elle. Elle avait dit ça d’une voix autoritaire, comme s’il n’était pas question que je discute de ses instructions. A ma grande surprise, l’entendre s’adresser à moi de ...
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