Jennifer - Histoires de Sexe

Jennifer

... mots pour toucher les gens… oh… je ne sais pas comment le dire, s’est-elle emportée. Mais réfléchissant un court instant, elle a continué, plus fermement : — J’ai vu quelque chose, dans ton regard, tout à l’heure… tu l’aimes, Florence, n’est-ce pas ?— Ben oui, ai-je hésité. c’est ma meilleure amie…— S’te plaît, ma chérie… ne me mens pas ! Elle me tenait la main, ne me quittait pas du regard. Elle semblait vouloir lire en moi. Ses yeux n’ont pas cillé un seul instant, alors je n’ai pas pu lui mentir, parce qu’elle m’aimait, elle… comme j’aurais voulu que ma mère m’aime. Cette fois, quand les larmes ont envahi mes yeux, elle n’a pas cherché à les effacer : c’étaient des larmes de soulagement. — Oui… je l’aime… mais, j’veux pas, ai-je sangloté. C’est Luc que j’aime.— Et pourquoi tu ne l’aimerais pas, elle aussi… Écoute… moi, je suis de l’ancienne génération, et c’est vrai que j’ai du mal à comprendre l’homosexualité… mais, je sais ce qu’est l’amour… et si moi, je sais que rien ne peut lui résister, je peux t’affirmer que jamais tu ne seras heureuse, si tu le refuses… malgré Luc et votre amour !— Et Luc… y dira quoi, laissai-je la peine se déverser.— Luc, il comprendra… parce que jamais je ne l’ai vu aimer quelqu’un comme il t’aime toi… et crois-moi, je le connais… Tu veux qu’j’te dise Jennifer ?— Oui… quoi ?— Nicole… c’était ma grande sœur, la véritable mère de Luc… Quand je vous vois, tous les deux, j’ai l’impression que je les vois, elle et Alain, le père de Luc, avant ...

... que le drame de leur vie, n’arrive… Leur amour donnait l’impression que rien ne pourrait en venir à bout, et ils en ont déplacé, des montagnes… parce que nos parents, à elle et moi, n’étaient pas des marrants, tu peux me croire… Eh bien, ma sœur et le futur père de son enfant les ont affrontés, face contre face, et tout aurait été pour le meilleur des mondes, si Nicole n’était pas morte en couche, en mettant Luc au monde… Alain s’est suicidé, parce qu’il ne pouvait concevoir la vie sans elle… Pour lui, l’enfant ne signifiait rien, et même pire : c’était lui qui avait tué sa femme, nous a-t-il expliqué à l’époque… C’était le meilleur ami de Raymond… des presque frères, comme Samuel et Luc. Bref. Tout ça pour te dire que Luc et toi, rien ne vous séparera… si vous ne commettez pas d’erreur, par votre silence ou vos manques de confiance en l’autre !— …— Alors, peut-être que tu n’oseras pas, mais il FAUT que tu lui parles… parce que, non seulement Florence, mais lui aussi, tu le perdras !— …— Oh, je vois la peur dans tes yeux… Ne t’inquiète pas pour Luc… je lui parlerai moi, si tu n’y arrives pas… Il sait déjà tout sur ses vrais parents, mais je lui rafraîchirai la mémoire, si besoin est ! … Quand «nos» hommes sont arrivés (bredouilles, mais hilares), il ne me restait presque plus rien à demander à Luc… une formalité… N’empêche qu’il m’a fallu deux jours entiers, pour lui avouer ce que je ressentais pour Florence. Geneviève m’y avait aidée, mais je crois qu’il n’a pas été long à ...