Histoire des libertines (3) : Cléopâtre, l’hypersexuelle ou le corps mis au service d’une ambition.
Datte: 05/08/2018,
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Partouze / Groupe
... assise sur son lit écarte les jambes pour introduire au creux de ses cuisses une grosse enveloppe de papyrus bourrée d’abeilles bourdonnantes. On l’a compris: les abeilles remplacent l’électricité et le papyrus permet de faire couleur locale. Une bulle nous livre les pensées prêtées à la reine: «Et maintenant, faut pas que ça s’ouvre…». Amusante trouvaille. Un concentré d’humour, de sexe et d’exotisme. Bref, non le personnage historique, mais la vision traditionnelle de Cléopâtre en nymphomane égyptienne. Cléopâtre fit-elle usage de sextoys comme le laissent entendre la caricature romaine et le dessin de Laetitia Coryn? Elle utilisa peut-être des godemichets dont on sait que l’invention remonte à la Préhistoire. À l’époque de la reine, des ateliers en fabriquaient à Alexandrie, capitale du royaume; les phallos de cuir étaient réputés pour leur souplesse; on pouvait en faire l’acquisition dans l’arrière-boutique de certains cordonniers. Mais l’intérêt de ces jouets destinés à des femmes délaissées, comme l’écrit le poète antique Hérondas, n’était-il pas quelque peu limité pour Cléopâtre, dès lors qu’elle pouvait, à tout moment et à volonté, faire usage de ses serviteurs comme autant d’objets sexuels vivants? En éprouvait-elle d’ailleurs l’envie? Et de quoi pouvait-elle bien manquer en son luxueux palais, au cœur de sa cour fastueuse où elle menait l’existence d’une déesse vivante? Du sexe, des plaisirs et des richesses, elle en avait à profusion, comme tous ses prédécesseurs. ...
... L’INSATIABLE À l’origine de cette légende, on trouve une image insultante, diffusée par les ennemis romains de la reine, tous à la solde de l’empereur Auguste, le vainqueur de Cléopâtre à la bataille d’Actium. Ce sont eux (Horace, Virgile, Tite-Live…) qui ont écrit l’histoire officielle de Rome après la défaite et le suicide de la reine. À la même époque, les légionnaires d’Auguste s’éclairaient au moyen de lampes à huiles obscènes, décorées en leur centre d’un médaillon représentant une Cléopâtre nue, sodomisée par un phallus de pierre ou de bois. Des caricatures de l’Ennemie, salie par une propagande calomnieuse, dont on peut encore voir quelques exemplaires dans nos musées. L’artiste romain n’avait, bien sûr, pas oublié la couleur locale: un crocodile du Nil sert de support à l’énorme godemichet tandis que la souveraine accroupie s’appuie sur une branche de palmier. Plus tard, des poètes, des romanciers, et parfois même des historiens, ont relayé durant des siècles cette propagande du vainqueur, transformant la haine initiale envers la reine d’Égypte en un puissant fantasme. Conséquence involontaire du dénigrement : à force de dire du mal, les écrivains romains ont contribué à faire d’elle un mythe, si ce n’est le plus grand mythe féminin de l’Histoire. L’icône de la femme perverse et fatale. Les auteurs qui se sont emparés du personnage de Cléopâtre n’ont cessé d’inventer de nouvelles anecdotes sur sa prétendue libido effrénée. Dès l’Antiquité, la reine est décrite comme ...