Le cadeau d'un père...
Datte: 07/08/2018,
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Cela faisait déjà deux semaines que mon père était décédé. Il avait souhaité être incinéré car, disait-il, la cérémonie était moins sinistre que celle de la mise en terre. Sous un beau soleil ou le ciel gris, un enterrement gardait selon lui un aspect rébarbatif qu’il ne désirait pas imposer à sa famille et ses amis. Et puis, il avait pu choisir la musique d’accompagnement, avantage non négligeable ! Il avait même rédigé depuis longtemps son éloge funèbre que je savais devoir me charger de lire. N’était-il pas celui qui connaissait le mieux ses qualités et défauts ?J’ai rempli ma tâche avec sérieux mais aussi un léger détachement, comme il me l’avait demandé. Quelques pleurs, quelques rires… Mission accomplie ! Mais je fus surpris lorsqu’un vieux monsieur me succéda à la tribune. J’avais réglé les détails de la cérémonie avec le responsable des pompes funèbres, et l’intervention de ce monsieur n’était pas prévue dans le déroulement du programme. De toute façon, il était trop tard pour intervenir, et les paroles qu’il prononçait, sans se référer à des notes, prouvaient que lui aussi connaissait bien mon père, et qu’il l’appréciait beaucoup.La cérémonie terminée, l’homme avait disparu. Il me restait maintenant à mettre de l’ordre dans ses affaires, obligation que j’avais chaque fois remise à plus tard car je n’avais pas envie de m’y atteler. Mais j’étais le seul membre de la famille apte à s’en occuper…J’étais dans son bureau. Sur la table de travail, des factures, prospectus, ...
... brouillons de lettres jamais écrites ; bref tout ce qu’on s’attend à trouver chez celui qui a dû partir de chez lui précipitamment…Dans le tiroir où se trouvaient les dossiers les plus importants en termes de succession, j’ai trouvé un cahier dont l’étiquette indiquait sobrement mon prénom « CHARLES ». Je l’ai feuilleté rapidement puis, les tempes battantes, je l’ai emporté chez moi pour le lire entièrement.Voici le contenu de ce cahier. *** André avait toujours été mon meilleur ami. Enfin, depuis que nous nous étions retrouvés ensemble dans la même classe lorsqu’il avait redoublé. J’avais alors onze ans et lui douze. Il était plus athlétique que moi, toujours prêt à grimper dans un arbre ou sauter au-dessus d’un ruisseau, alors que j’étais plus réfléchi que lui. Je crois qu’il m’en imposait un peu, que j’avais une sorte d’admiration pour l’audace qu’il montrait en toutes choses et qu’il essayait de m’insuffler. Nous avons parcouru ensemble toutes les années de nos humanités anciennes, et, notre diplôme en poche, nous avons décidé de partir en vacances ensemble. Notre première étape devait nous amener à Liège, où nous allions retrouver José, dont nous avions fait la connaissance dans des circonstances que j’ai oubliées. José avait vingt-trois ans et était l’heureux propriétaire d’une 4 CV, une espèce de gros scarabée gris qui allait nous emmener au cœur de la forêt ardennaise. Là-bas, dans un petit village, José connaissait une jeune fille qu’il disait être peu farouche, et ...