Le départ
Datte: 08/08/2018,
Catégories:
fh,
fplusag,
avion,
toilettes,
Voilà, ça y était, je venais de faire le premier pas. J’entrais tout simplement dans l’aérogare. Comme tant d’autres, j’allais « monter » sur la capitale. Mais moi, c’était la capitale anglaise, où j’allais. Ne trouvant pas de travail chez moi, j’avais décidé, sous l’influence de divers articles de presse et à la faveur de plusieurs conversations, de franchir le Channel et de m’expatrier à Londres. Alors que j’attendais dans la file pour accéder au guichet d’enregistrement, je pensais à mes parents qui, en plus d’un petit viatique financier venu s’ajouter à mes économies, m’avaient surtout donné l’adresse d’un ami qui, normalement, devait pouvoir m’aider à me loger sur place. Mon père m’avait même indiqué que son ami avait une haute position. Contacté, il avait paru enchanté de rendre ce service à mon père qui, bien que plus jeune, avait sympathisé avec lui à l’occasion d’une rencontre de vacances, bien des années auparavant. Bref, me voici donc prêt à tenter l’aventure. Le panneau publicitaire sur ma gauche, faisant office de miroir, me renvoyait l’image d’un jeune homme bien bâti, aux cheveux noirs et courts, ni adonis ni apollon, avec un visage… ma foi, assez avenant quand même, un bon sourire et des yeux rieurs. Je pus en vérifier l’efficacité puisque la charmante hôtesse enregistra rapidement mes bagages sans me faire payer le petit supplément de poids. Vous allez me dire que c’est un geste commercial, m’enfin on peut rêver, non ? Une heure plus tard me voici dans ...
... l’avion, avec à ma gauche un jeune cadre dynamique et son alter ego plus âgé. J’essaye de me détendre, mais leur conversation, qui n’est qu’une litanie de mots en –ing ( brain-storming, managing, working…) et de chiffres, me donne mal à la tête. La vision de ma voisine, de l’autre côté de l’allée centrale, parvient fort heureusement à calmer la migraine qui s’annonçait. La quarantaine, une courte chevelure brune, un tailleur gris foncé sobre qui ne parvient pas à masquer des formes très harmonieuses. (j’avais commencé à mater quand, au décollage, elle s’était penchée sur son siège, exhibant un fessier visiblement formé par l’aérobic ou Aphrodite en personne ! ) Elle est en train de lire… je parviens même à voir qu’il s’agit d’un San-Antonio. Donc elle doit avoir de l’humour ! Elle doit aussi avoir un sixième sens puisqu’elle me surprend en flagrant délit en train de l’observer. Miracle, elle me sourit et m’adresse la parole dans un français qui n’est que très peu teinté d’anglais : — Vous aimez San-Antonio ?— C’est pour moi la quintessence de l’esprit français !— Bérurier aussi ?— D’une certaine façon… plus rustique sans doute ! La glace est brisée par la magie de la littérature et je me retrouve en train de discuter avec elle des différentes péripéties vécues par ce monument littéraire. Les minutes passent, mon début de mal de tête aussi et, si je ne m’abuse, ses yeux pétillent devant mes tentatives d’être plein d’esprit. (Hé, l’esprit de Sana me guide !) Je m’essaye à la langue ...