La cité perdue - Histoires de Sexe

La cité perdue

... bientôt ! Alors que l’assemblée acclamait l’amiral, un vieux sénateur, Magon, fin lettré et illustre géographe, hocha la tête. Les sourcils froncés et l’air soucieux, il examinait avec attention les peaux au cuir tanné auquel adhéraient ici et là des touffes de poils noirs ou gris. Au milieu du brouhaha, personne ne prêta attention à ses paroles : — Que la déesse Tanit protège ces malheureux ! * * * — Navré, Mademoiselle Reeze, mais aucun de mes hommes n’acceptera d’aller là-bas ; vous pouvez repartir chez vous. Bras croisés derrière son bureau, mi-amusé, mi-perplexe, l’homme fixait d’un œil intéressé la jeune femme qui lui faisait face. L’air renfrogné qu’elle arborait avait du mal à masquer sa beauté, et le haut de sa robe légère était ouvert sur un léger décolleté qui laissait entrevoir de véritables trésors ; malheureusement, le moment ne prêtait guère au marivaudage. Il y avait de l’électricité dans l’air, et la moiteur de la fin du jour n’aidait pas à alléger l’atmosphère. Il regarda les deux yeux vert émeraude qui se plantaient sur lui. Elle avait du cran et de l’énergie, pas de doute, mais elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle demandait. Elle le fixa avec une certaine arrogance et se pencha vers lui. Elle parlait fort bien le français, mâtiné cependant d’un délicieux accent yankee de la côte Est ; c’était l’héritage d’une mère canadienne et d’un père américain, et cela s’avérait pour elle fort utile dans cette partie plutôt francophone du continent. — Vous ...

... plaisantez ? Je n’ai pas fait tout ce chemin pour renoncer aussi près de mon objectif. Quand je vous ai contacté, vous m’avez assuré de votre aide pour organiser cette expédition.— Exact. Et je vous rappelle que vous m’aviez parlé d’un safari photo ; or je découvre que vous voulez, en fait, vous lancer dans une équipée impossible pour dieu sait quel projet archéologique. Et en plus dans un des coins les plus dangereux de ce foutu pays. Ne me faites pas le coup de la pauvre petite fille blanche égarée !— J’ai roulé ma bosse dans toute l’Amérique latine pour mes recherches. Vous ne pouvez pas vous douter de ce que j’ai pu voir en Colombie ou au Mexique ; les flics véreux, les guérilleros, les putes et les trafiquants, je connais.— Soyez contente : ici, c’est bien pire ! Ce pays sort tout juste de la guerre civile. La zone n’est absolument pas sécurisée.— Et ça vous fait peur ? Il faillit lui flanquer une bonne paire de baffes. Une montée spectaculaire d’adrénaline était en train de se produire en lui, et elle réveillait de fort mauvais souvenirs. Les mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil, il eut une furieuse envie de la basculer sur le bureau et de la culbuter, là, au milieu de ses dossiers. Mais il avait été soldat et il savait que l’emportement donnait rarement la bonne marche à suivre. Il inspira profondément, ferma les yeux et les rouvrit après une longue expiration. Elle était toujours là, furibonde, les yeux brillants, et ses seins semblaient prêts à lui sauter au ...