Le secret de Judith (8)
Datte: 18/08/2018,
Catégories:
Erotique,
... reprises. Au final, il s’est passé ce qui serait arrivé de toute façon. Sauf qu’il n’a jamais pu revenir à la ferme. Ca a été sa punition. C’est peut-être pas grand-chose, c’est vrai. Pas assez pour le mal qu’il a fait. Mais c’était tout ce que je pouvais faire… Je n’ai jamais cessé de repenser à cette histoire, et moi aussi je m’en veux. Si tu savais petite ! Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas. Tout ici me rappelle Judith. Je m’en veux de ne pas avoir vu venir ce drame, ne pas l’avoir empêché, ne pas avoir protégé Judith… De ne pas l’avoir tabassé encore et encore… Ne pas avoir su la soigner. Ne pas avoir su la garder… Je ne me suis jamais marié… je ne pouvais pas. Il s’effondre. Il pleure, affalé, la tête dans sa manche, face au sol… Je suis bouleversée. Ce grand corps, vieilli, travaillé par la douleur, le remords, depuis 50 ans, torturé, là, sous mes yeux. J’ai la gorge nouée, les larmes me montent aux yeux. - Joseph… Je sais que vous avez fait, ce que vous avez pu… Judith m’a raconté, tout, jusqu’à… Sans vous, elle ne s’en serait jamais sortie… Je suis désolée. C’est pas à vous que j’en veux. C’est à tout le monde. Le monde de cette époque... Mais, en fait, je ne suis même pas si sûre que ça se passerait vraiment différemment aujourd’hui… Je me suis approchée de lui. Je lui caresse la tête, passe ma main entre ses larges épaules. Je sens la douleur, là, nouée, oppressante… - Vous êtes quelqu’un de bien Joseph. Vous l’avez aimée, respectée… Vous n’y êtes pour ...
... rien… Il relève la tête, se rassoit. Son visage est décomposé, défiguré par cette douleur qui remonte du fond de son être, explose. Nous sommes face à face. Je m’approche et le serre contre moi. Je l’enlace mais il n’ose pas me toucher… - Je sais Joseph, j’ai compris… Judith… Elle ne vous en veut pas… elle sait. Elle se souvient de votre amour, de votre union… Vous n’êtes pas responsable. Elle sait que vous avez fait tout ce que vous pouviez… Petit à petit, je sens le vieux corps se détendre. Enfin, un énorme soupir, comme un cri, lui échappe, libérant sa poitrine d’un poids énorme… Alors, il cède… Il s’affaisse… Sa tête s’appuie contre moi, ses mains se posent sur mon dos… Il pleure, je sens ses larmes sur ma peau nue. Pauvre vieil homme… 50 ans… Lui n’a pas trouvé le remède. Il est resté ici, seul. Moi non plus je ne me retiens plus… Je pleure en pensant à Judith, Joseph, tout cet amour bafoué, détruit… J’ai le vertige, je m’affaisse, je bascule sur le dos. Je m’allonge… Joseph bascule avec moi. Nous restons longtemps allongés dans l’herbe. En silence. Le vieil homme est sur mon ventre, ma poitrine, la tête enfouie dans le creux de mon épaule. Son grand corps osseux, encore lourd, qui pèse sur moi… Ses grandes mains de berger, burinées… sa main droite… là… sur mon sein… Cette vieille main, qui a caressé ma Judith, l’a défendue… Il tient mon sein, bien au creux de sa paume si chaude, protectrice. Nous respirons lentement. Je regarde le ciel, le soleil. Mes mains parcourent ...