Mimosa - Histoires de Sexe

Mimosa

... craignais. Tu as de jeunes seins magnifiques, Louise, adorables. De quoi rendre fous les hommes. Mais pour la mode, ils sont déjà un tout petit peu trop développés. Non pas qu’ils soient gros. Mais les couturiers ne jurent pour l’instant que par des filles maigres et plates. Et là, tes seins sont déjà limite trop formés, et qui sait s’ils ne vont pas encore gagner un peu ? Désolée mon chou, ne le prends pas mal…— Je ne le prends pas mal. En fait ce n’est pas grave. Je ne m’attendais à rien de précis, de toute façon. Je suis surtout venue par curiosité.— Non, ce n’est pas grave, tu as raison. Et puis il n’y a pas que les défilés. Tu es belle à frémir, tu as un corps de rêve, un regard qui pétrifie, un sourire à tomber. On te trouvera sûrement d’autres propositions. Je t’embrasse et on reste en contact. En fait de rester en contact, ce fut silence radio pendant un an. Jusqu’à ce qu’un mec de l’agence me recontacte un mardi soir de novembre. D’un ton outrageusement efféminé, il m’expliqua qu’ils avaient quelque chose à me proposer pour le lendemain après-midi, un remplacement au pied levé d’un mannequin malade. Il était seulement inquiet de savoir si ma fiche était toujours à jour, et mes mensurations correctes, pour les tailles des silhouettes. Et apparemment anxieux de savoir si je ne m’étais pas fait tatouer entre-temps une connerie de dauphin ou un « I love Jean-Cédric », trois jours à peine avant la rupture avec ledit abruti. — Pour les tatouages, c’est non, j’ai ...

... horreur de ça. À 18 ans, je pense avoir terminé ma croissance, et gagné deux centimètres. 1 mètre 79. Par contre, ça ne va pas vous plaire, mais mes seins ont encore un peu grossi, je suis passée à un 85 C. Le mec se mit à rire. — Je suis sûr que ça ne vous en rend que plus charmante, mademoiselle ! Mais ne vous en faites pas, mon chou, c’est pas pour un défilé couture mais pour un shooting lingerie. Et là, c’est finalement pas plus mal qu’il y en ait un peu plus sous le capot, si vous me permettez l’expression. Ça me semble parfait. On peut compter sur vous, demain ? J’hésitai. Les photos lingerie, ça craint. Deux heures à passer des parures, tout ça pour terminer sur les pages du dépliant Hyper Auchan, dans un soutif super moche, judicieusement placée entre le rôti de dinde et les moules marinières. Pas sûr que Maman approuverait. Et je ne parle même pas du risque de se faire chambrer par tous tes potes du lycée, pour peu que la mère de l’un d’entre eux lui demande « Dis-donc, Gaëtan, ce serait-y pas la p’tite Louise de ta classe, là, sur la réclame ? Toujours aussi minouche, mais elle devenue drôlement femme, tout d’un coup, dis-donc ! ». Je demandai au type combien c’était payé. Sa réponse me surprit. Méchamment plus rentable qu’un job d’étudiant au Super U. Finalement, tant pis pour la mother à Gaëtan, je pris le risque. Quitte à bosser pour les supermarchés, autant gagner vite fait mon pécule en soutif sur le catalogue qu’en scannant les boîtes de Panzani à la caisse ! ...