1. Incertitudes


    Datte: 05/09/2018, Catégories: revede, nonéro, nostalgie, portrait,

    ... États-Unis. Je me souviens encore avec précision de ma rédaction. Il fallait faire le portrait d’un membre de notre famille. J’avais décidé de parler de mon arrière grand-mère qui avait fui, juste avant le début de la seconde guerre mondiale, l’Italie fasciste. Un détail, mais qui n’en était pas un pour moi, me troubla profondément. Je surpris à plusieurs reprises le regard insistant de Mrs Zielinski sur ma personne. J’en étais mal à l’aise. Que se passait-il ? Je la voyais travailler à je ne sais quoi et à plusieurs reprises relever la tête pour me fixer intensément. J’ai fini par l’ignorer, autrement je n’aurai pas pu travailler mais, de temps en temps, du coin de l’œil, j’observais son manège qui se poursuivait. Je ne savais que penser… Mrs Zielinski nous signala la fin de l’épreuve au bout des deux heures prévues. Et par la même occasion le début des grandes vacances, la fin de nos vies de collégiens. Tout le monde se rua comme un seul homme sur la porte de sortie après avoir déposé, ou plutôt balancé leurs copies sur le bureau de Mrs Zielinski. Pour ma part, qui ai horreur de me dépêcher, je rangeai calmement mes affaires, fermai mon sac et allai à mon tour rendre mon « œuvre ». J’aurai voulu demander des explications à Mrs Zielinski sur ses longs regards mais évidemment je n’osais pas. Et si je m’étais trompé ? Et si tout ceci n’était que le fruit de mon imagination fertile ? Toujours avec son habituel air enjoué qui m’était réservé, elle me remercia lorsque je lui ...
    ... tendis la feuille. Nous étions seuls dans la salle de classe. — Tiens, signe là, s’il te plaît, à cet endroit, m’indiqua-t-elle. Merci. Tout s’est bien passé, S… ?— Je pense, oui. Le français, en tout cas.— J’espère pour toi. Maintenant, commence une autre vie, quoi qu’il arrive.— Oui… et ça me fait un peu de peine de quitter ce collège. Je m’y étais habitué.— Je comprends. Comme moi, ça me fait de la peine de perdre des élèves en qui j’étais très attachée et puis je me dis que j’en gagne d’autres. Il faut toujours voir le positif, tu sais.— Je sais. Vous me l’avez souvent dit. Ça va me faire bizarre d’avoir un professeur d’anglais différent et de vous quitter, risquai-je.— C’est vrai, acquiesça-t-elle en riant. On se connaît depuis de nombreuses années. Puis, machinalement, je regardai à côté du tas de copies qui surplombaient son bureau et je vis un vague dessin que je ne parvins pas à identifier. Je lui en fis la remarque. — Qu’avez-vous dessiné Mrs ? lui demandai-je.— Ah oui, tu fais bien de m’y faire penser, j’allai l’oublier. Voici un petit cadeau de départ que je suis heureuse de pouvoir t’offrir. Garde-le en souvenir.— Oh ! Mais c’est magnifique. C’est vrai que vous avez un don pour la peinture, le dessin.— Un don, je ne sais pas, murmura-t-elle en rougissant comme une pivoine. Mais c’est une passion, en tout cas. Elle m’avait, ni plus ni moins dessiné au crayon à papier. Le résultat était criant de vérité. J’en étais époustouflé. J’étais représenté mâchonnant un crayon, ...
«12...5678»