Addicte (1)
Datte: 15/09/2018,
Catégories:
Lesbienne
... certain état d’ébriété, Chantal montra des remords inattendus. Elle m’observa d’un œil critique. – Tu veux prendre un peu l’air ? Ça nous remettra les idées en place. Étrangement spectatrice face à la perte de mon innocence, je laissai divaguer mon esprit à son gré. – Lesquelles ? Ignorante de l’insinuation, Chantal m’entraîna vers la sortie, signifia au passage à la patronne de lui marquer les consommations puis m’installa en terrasse sur une chaise. Je n’avais certainement pas atteint le point de non-retour de l’ivresse véritable, pourtant le manque d’habitude se percevait dans ma démarche mal assurée. Une nuit claire étalait sur Paris son impénétrable beauté à peine troublée par de rares véhicules. Une question malencontreuse m’échappa. – Ne te vexe pas mais... la patronne du bar, elle ne serait pas lesbienne ? – Si, admit Chantal d’une voix égale. Tu n’es pas choquée ? – Oh non ! L’ambiance est sympa et je reviendrai. L’empressement à répondre justifié par le besoin de rassurer mon interlocutrice, je reconsidérai les cocktails ingurgités en grand nombre, l’absence de mecs dans le bar, le slow langoureux, autant de messages subliminaux que mon cerveau avait ignorés à tort ou à raison. J’effleurai la main de Chantal, attentive au choix des mots. – Toi aussi tu... avec les femmes ? Pressée de couper court à la discussion, elle se dégagea sans brusquerie. Je la sentais faible pour la première fois. – Oui, ça m’arrive. Tu habites de quel côté ? Je vais te ramener. – Rue du ...
... Roi de Sicile, expirai-je dans une grande bouffée d’air vivifiante, c’est plus loin à droite. – Je connais, on y va quand tu veux. Aussitôt debout, je m’accrochai au bras de mon accompagnatrice. Il ne s’agissait que de parcourir trois centaines de mètres mais l’impression de vivre un instant de liberté, le premier de mon existence, était troublante. – Et toi, tu habites où ? – Dans le 18ème arrondissement, répondit Chantal évasive, à Montmartre. À côté de la Basilique du Sacré-Cœur, s’esclaffa-t-elle devant mon air ahuri. C’est vrai que tu ne connais pas encore Paris. Arrivée trop vite à mon goût au pied de l’immeuble, je tentai de retarder l’instant de me retrouver seule. – Tu montes cinq minutes ? Chantal hésita sur la conduite à tenir pour la première fois, pas longtemps, peut-être afin de jauger la détermination de la petite provinciale qui se prenait pour une adulte. Je la pressai à mi-voix au rez-de-chaussée afin de ne pas attirer l’attention de la concierge un peu trop bavarde. – Viens. Elle me suivit, davantage nerveuse à chaque marche, attentive à ne pas le montrer. Une pensée me fit sourire en grimpant jusqu’au 1er étage, la vaisselle de midi lavée et rangée, j’étais certaine de la recevoir dans un endroit propre. – C’est là, marquai-je d’une voix chevrotante en glissant la clé dans le barillet de la serrure de sécurité. Une main nerveuse me retint dans l’embrasure de la porte, comme si franchir le seuil de mon intimité représentait un danger. – Il vaut mieux que tu ...