Clotaire et Pierre - Troisième épisode
Datte: 26/10/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... quelques petites choses indispensables comme un paquet de Cruesli pour le petit déjeuner et quelques pom’potes qu’il emmenait avec lui en guise de petit encas pour le goûter à la fac. Le strict essentiel, disait-on. Le seul petit plaisir qu’il s’autorisait avec une certaine malice, c’était la cuisine italienne : le soir inaugural de chaque période de vacances, il préparait, pour lui seul, un repas aux couleurs de la patrie de Garibaldi, généralement des pâtes sauce Carbonara, un risotto (qui s’avérait être son plat préféré) et, pour le dessert, un tiramisu, met dont il raffolait littéralement et qu’il appréciait préparer lui-même en s’inspirant des recettes originales de grands chefs cuisiniers transalpins, comme Massimo Bottura ou Gianfranco Vissani. Jamais il n’invitait quiconque, jusqu’à présent, à partager un tel festin avec qui que ce soit. Non seulement parce que les amis qui furent les siens n’ont plus vraiment contact avec lui, mais aussi parce qu’il aimait bien respecter seul ce petit rituel qui suffisait à son bonheur personnel. En plus de se satisfaire du nécessaire, pour ne pas citer les paroles d’une chanson trop bien connue, Clotaire avait le mérite d’être économe : les courses qu’il venait de faire coûtaient seulement 34 € et quelques petits centimes… Il ne travaillait pas, jugeant que les études étant les siennes ne lui permettraient jamais d’honorer les obligations que devrait lui conférer un job étudiant, et ce sont ces parents, très aisés, qui lui ...
... donnaient de quoi subvenir aux besoins essentiels. Des cinq enfants du couple, Clotaire était, assurément, celui qui n’était pas le plus dépensier, ce qui avait le mérite de plaire à ses parents, qui l’érigeait en exemple devant ses frères et sa sœur qui jalousaient un peu, c’est vrai, cette rigueur budgétaire propre au benjamin. Le magasin n’était situé qu’à quelques pas de son immeuble. Clotaire ne tardait pas à rentrer : nous entrions dans l’hiver, les soirées étaient fraîches et le jeune homme soupirait déjà lorsqu’il songeait au travail qui l’attendait, une fois rentré. Avec son petit sac de courses, il pénétra dans l’ascenseur. Celui-ci, durant quelques instants, fut bloqué, ce qui pouvait agacer prodigieusement l’étudiant en droit : cela faisait déjà des semaines que les habitants de l’immeuble se plaignaient des caprices incessants de cet ascenseur. Heureusement, ce petit contretemps ne devait pas durer bien longtemps… Rapidement, l’ascenseur reprit sa course et arrivé au deuxième étage, Clotaire se dégagea de l’ascenseur, sa sacoche dans une main, le sac de courses dans l’autre, pour arriver devant la porte de son appartement, neuf pas plus tard. - Salut, beau gosse… Alors qu’il allait introduire sa clé dans la serrure, Clotaire entendit cette voix, qu’il connaissait bien. Une voix suave, particulièrement fondante, qui pouvait assurément calmer un fanatique ou un séide. Une voix qu’il connaissait particulièrement bien, parce que cette voix, c’était celle de Cédric. [A ...