1. La main droite de la nuit


    Datte: 31/10/2018, Catégories: ff, jeunes, copains, intermast, Oral Masturbation

    Un accident tout con, comme un accident, quoi. Je glissais sur mon longboard dans mon quartier, dans ma rue, sous le pont à côté de chez moi. Juste pour me vider la tête après une journée à réviser comme une tarée, même pas pressée, rien. On dit que les accidents arrivent souvent près de chez soi, eh bien c’est vrai. Je m’étais méchamment viandée sur le bitume et mon poignet avait amorti ma chute dans un horrible craquement. S’ensuivirent la douleur et les urgences, la couture par une infirmière débutante que j’avais limite dû rassurer car il faut bien commencer un jour… C’est là que les ennuis avaient commencé. D’abord mes colocs s’étaient foutu de ma tronche. Ils ont moins rigolé quand ils ont compris qu’ils pourraient se brosser pour que je leur cuisine des petits plats. Adieu lasagnes, poulet mafé et tiramisu. Ça serait nourriture dégueulasse surgelée, pâtes et pizzas jusqu’à ce que ma main soit guérie. Tom avait rassemblé toutes les boîtes en plastique en vue d’une expédition chez sa grand-mère pour dévaliser son frigo et son congélateur remplis de gratins aux haricots du jardin, tandis que Joanie sortait le grand jeu pour se faire inviter à grailler par ses prétendants. Quant à l’ouvrage tricot pour le bébé de ma cousine, il attendrait ; et tant pis s’il devrait porter son pull 100 % laine peignée de bébé alpaga au mois d’août. Le plus ch… pardon, le plus pénible, c’était la douche : ne pas mouiller le bandage et tout le bordel en se savonnant d’une seule main, je ...
    ... vous dis pas, c’était d’une galère sans nom. En plus d’être temporairement manchote, j’étais déjà une gauchère dans un monde pensé et fait pour les droitiers, et ça me foutait encore plus la rage. Imaginez-vous devoir tout faire de l’autre main : ouvrir des conserves, éplucher à l’économe, valider un ticket de métro… au moins j’avais un peu d’entraînement, sauf pour l’écriture. Alors là, je ne vous raconte pas la contorsion pour tracer des lettres tremblantes ou dessiner des schémas à la vitesse d’une tortue cacochyme, le tout dans un amphi inconfortable et bruyant. Mon cerveau était en surchauffe ; enfin, façon de parler, car même avec une fièvre à 40° on est loin de l’ébullition. Je ne voulais pas inquiéter ma mère qui trimait déjà avec son propre taf, et mon père qui n’ayant soi-disant pas de thunes pour mon frère et moi s’était barré dans les îles avec sa nouvelle nana. Alors je ne leur avais rien dit et j’accumulais l’énervement jusqu’à piquer des crises et me déverser sur Tom ou sur Jo à la moindre contrariété. Au bout de deux semaines et après que j’aie fondu en larmes en insultant la souris de l’ordinateur, Joanie débarqua dans ma chambre et se planta devant moi, les poings sur les crêtes iliaques (ouais, parce que les hanches, c’est plus bas). Toute petite, avec sa bouille de lutin et ses grosses lunettes, comment la prendre au sérieux ? Et pourtant elle était sacrément en pétard. Ses joues étaient presque aussi rouges que ses cheveux ondulés. Je la dévisageais tout en ...
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