Merci, Harshad
Datte: 06/08/2017,
Catégories:
fh,
fhh,
couleurs,
Collègues / Travail
voyage,
cérébral,
Partouze / Groupe
initiatiq,
Mon père, réfugié politique, avait dû fuir son pays en guerre. Issu de la grande bourgeoisie, ses origines ethniques, ses opinions politiques et ses convictions religieuses l’avaient placé en tête de liste des personnages à abattre. J’étais jeune encore au moment de l’exode, mais je parlais déjà plusieurs langues, dont le français, et j’étais très curieuse de ce qui se passait dans le monde moderne autant que dans l’Histoire. J’avais aussi une imagination débordante. On me voyait déjà écrivaine ou actrice. Cette perspective me plaisait bien. Il se trouve que j’étais en plus assez jolie, et pour tout dire un peu prétentieuse. Arrivée en France, je suis devenue une élève modèle qu’on citait en exemple. Ça entretenait assez bien mon petit côté fille à papa. Je peux le dire aujourd’hui : j’étais très attachée à mon image. Il fallait que je sois la plus belle. On me l’avait tellement répété quand j’étais petite que c’était une évidence. Alors sport, nutrition contrôlée, coiffeur et jolies fringues. Et tant pis si les copines étaient un peu jalouses, ou plutôt tant mieux. L’âge est arrivé d’avoir des petits amis, et naturellement j’avais tous les prétendants que je voulais. Mais au final, ces garçons m’intéressaient assez peu. Ce qui m’attirait chez eux, le plus souvent, c’était juste la reconnaissance de ce que j’étais attractive. Généralement, ils avaient peu de conversation, et leur proximité finissait par m’ennuyer. Alors je cassais. Brutalement. Mes parents, loin de ...
... m’encourager, m’en faisaient souvent le reproche, et essayaient de me faire comprendre l’essentiel. La relation humaine. J’étais trop jeune pour capter. Mes études furent tout de même brillantes. J’avais quelques amies, toutes issues de familles de mon pays d’origine, parce que nous partagions des choses rares. Mais à la fac ou ailleurs, je n’avais que des relations de camaraderie, et encore. J’ai fini par me laisser déniaiser par un don Juan un peu plus tenace que les autres lors d’une soirée. Il s’agissait de me prouver que ça aussi je pouvais le faire ; mais au-delà de cette satisfaction toute narcissique, je n’en avais éprouvé qu’un plaisir modéré. Mes conquêtes suivantes ont pu en profiter, mais ce fut toujours pour moi davantage un exercice physique qu’un acte d’amour. Physique et esthétique, d’ailleurs. Il fallait, à défaut d’être bon, que ce soit beau. Je faisais à chaque fois plus attention à mon apparence qu’à mes sensations, ce qui me privait finalement de tout plaisir charnel. Écrivaine, je le deviendrai peut-être un jour. Je suis journaliste. C’est un beau métier, qui en plus de m’assurer des revenus confortables, me permet d’évoluer dans un milieu ouvert aux cultures et de faire de jolies rencontres. Accessoirement, je fais aussi quelques traductions pour une maison d’édition. Là aussi, c’est l’occasion de me cultiver et de rencontrer du monde. L’âme-sœur ? Pas évident. Mes premières années au journal, j’ai continué sur le même rythme. Toujours encline à écarter les ...