1. Merci, Harshad


    Datte: 06/08/2017, Catégories: fh, fhh, couleurs, Collègues / Travail voyage, cérébral, Partouze / Groupe initiatiq,

    ... cuisses, je ne l’étais toujours pas à me laisser aller. Je m’étais faite à cette idée que peut-être je n’y arriverais jamais. Alors j’étais à fond dans le travail. Pour l’hygiène, comme on dit, j’avais une relation épisodique avec un collègue, Philippe, qui semblait aussi peu amoureux de moi qu’il est possible. Et j’avais les mêmes sentiments à son égard, c’est-à-dire aucun. Nous trompions notre solitude ensemble de temps en temps, voilà tout. Philippe était un aigri, un déçu. Il avait rêvé d’une grande carrière, mais avait dû accepter de végéter. Du coup, les voitures de ses rêves, il ne les voyait que passer. De ses échecs successifs à accéder à la richesse, il avait nourri une rancune tenace contre la vie. Nous faisions un beau couple de perdants, finalement. En 2014, nous avons été envoyés ensemble en Orient pour un hebdomadaire. Notre agence avait été mandatée pour collecter de l’information et la mettre en forme. Nous n’aurions que peu de rédactionnel à réaliser, ce qui était un peu frustrant pour moi, mais la perspective de travailler dans un pays où la culture est si différente de celles que je connais avait suffi à me motiver. Il s’agissait d’un reportage sur une communauté dont le leader apparaissait comme une sorte de gourou, mais dont les motivations ne semblaient pas être financières. Nos clients voulaient comprendre et rendre compte quant à des prétendus pouvoirs surnaturels qu’aurait détenus cet individu. Ce gourou s’appelait Harshad, un prénom tamoul ...
    ... assez répandu dans mon pays d’origine. Difficile de donner un âge à cet homme qui apparaissait comme un sage, à la fois en raison de sa prestance et de la religion de paix qu’il enseignait dans sa communauté. Un homme peu disert mais dont le regard perçant vous déstabilisait à coup sûr. Philippe a trouvé Harshad fumeux dès le premier contact. Il étaita priori étanche à toute spiritualité, et je ne fus pas étonnée de sa réaction épidermique de rejet. Moi, au contraire, j’avais été non pas séduite mais interpellée. Cet homme dégageait incontestablement quelque chose. Les rumeurs faisaient état de guérisons miraculeuses, y compris chez des gens atteints de troubles mentaux. Elles parlaient aussi de jardins qui se remettaient à fleurir ou de rivières qui voyaient renaître des poissons. En effet, vu comme ça, on pouvait être au minimum perplexe. Mais nous étions là pour rendre les choses objectives, et donc observer sans juger au préalable. Harshad nous a accueillis sans chichis. Assis sur une couverture rouge dans une petite pièce aux tons orange et ocre, il semblait totalement ouvert. Les yeux rieurs de ce petit homme bien plus espiègle qu’on ne l’aurait cru semblaient si aimants… Il s’est livré de bonne grâce à nos questions, n’en rejetant aucune, mais nous abreuvant d’énigmes insolubles qui nous faisaient perdre le fil. Il avait quelque chose de Jésuite, sans aucun doute, mais surtout il avait un esprit d’une vivacité stupéfiante. Philippe semblait, lui, un peu agacé. Son côté ...
«1234...9»