Le papillon des nuits d'hiver
Datte: 14/11/2018,
Catégories:
ff,
cadeau,
Oral
69,
init,
Aline s’apprêtait maintenant à descendre du bus. Celui-là l’avait amenée de la gare jusqu’au petit village de campagne dont elle avait encore oublié le nom exact. Aline s’efforçait de trouver un prétexte pour ne pas culpabiliser : comment ne pas être déconcentrée avec ce mauvais temps qui ne s’arrangeait pas ? Il faisait nuit en effet et une pluie verglaçante venait fouetter violemment la vitre contre laquelle elle avait appuyé sa tête pendant tout le voyage. À peine à l’extérieur, la jeune femme sortit son parapluie et regarda dans toutes les directions. Oui, elle était bien là, cette voiture, telle qu’on lui avait décrite, qui attendait les phares allumés et cette femme qui lui faisait de grand signes derrière son pare-brise la rassurèrent aussitôt : elle n’allait pas devoir attendre seule sous la pluie pendant une éternité. L’autre femme ouvrit précipitamment la portière et courut vers Aline pour lui prendre sa petite valise. Elle la lui arracha presque des mains, la plaça dans le coffre et lui fit signe de se dépêcher de monter. En un instant, la voiture était déjà loin. Aline était trempée et se rendait maintenant compte que la femme au volant n’avait pas pris le temps de se couvrir elle-même et était tout aussi ruisselante. Cette dernière eut un frisson nerveux puis finit par demander : — Alors ? Vous avez passé un bon voyage, j’espère ! Vous devez être épuisée et affamée.— Oh, t… vous savez, ça n’a duré que deux heures et des poussières. Il fait surtout très ...
... froid. Aline n’avait pas très envie de bavarder ; elle se sentait très fatiguée, et même gênée que son interlocutrice ait voulu s’adresser à elle en la vouvoyant. Après quelques échanges anodins, Aline l’observa du coin de l’œil : c’était une femme brune aux cheveux assez courts, plutôt fine et belle, qui semblait avoir une quarantaine d’années. — Excusez-moi, mais c’est quoi votre nom, déjà ? demanda Aline lorsqu’elle vit que la femme s’était aperçue qu’on la regardait de travers.— Ah oui, désolée. Je conduis et j’en oublie l’essentiel : je m’appelle Alicia ; c’est moi qui vais vous héberger chez nous jusqu’à lundi. Et vous, c’est comment déjà ? Aline, c’est ça ?— Oui c’est ça, répondit Aline dans un souffle. Et quel âge avez-vous ? Alicia sembla se crisper l’espace de quelques secondes sur le volant tant la question lui semblait inattendue, voire impolie. Elle se mit à sourire pour ne pas montrer qu’elle avait été prise au dépourvu. — Vous êtes une petite curieuse je vois ! J’ai trente-neuf ans. C’est drôle que vous me posiez cette question, parce que je vais fêter mes quarante ans après-demain. Et vous ? Vous avez l’air très jeune ; quel âge avez-vous donc ?— J’ai vingt-deux ans, Madame. On peut se tutoyer si ça ne vous dérange pas ?— Bien sûr que non ! Pas de problème : tu peux m’appeler Alicia. Nous ferons plus ample connaissance quand nous serons arrivées, il nous reste à peine dix minutes de route. Alicia avait prononcé cette dernière phrase sur un ton très aimable mais ...