1. Flora, une femme complexée ou comment conjurer le bonheur


    Datte: 27/11/2018, Catégories: fh, complexe, fête, amour,

    ... vocable, la moindre action qui pouvait lui signifier qu’il se lassait d’elle, qu’elle ne l’attirait plus. Douée de propensions effrayantes dans cet exercice, elle savait retourner la phrase la plus dérisoire pour y dénicher une réprobation, entendre moquerie dans un vrai compliment simple et anodin. Les silences mêmes furent enfin interprétés selon le crible infernal et elle constata une diminution des gestes câlins et des mots gentils. Elle s’appliqua à camoufler ces contrariétés qui l’attristaient terriblement. Quand ils faisaient l’amour, elle se laissait submerger par ses doutes anciens qui l’empêchaient d’atteindre aux sommets de la félicité. Elle fit des efforts afin de paraître enjouée, ceux-ci, inadaptés, n’attaquaient pas la racine du mal. Au contraire, ils l’acculaient à feindre dans une comédie ou plutôt une tragédie permanente, qui l’épuisa. Durant leurs étreintes, il lui arriva de simuler l’orgasme ce qu’elle jugea aussi insupportable qu’indigne. Elle eut des moments de lucidité pendant lesquels elle entrevit la perversité de son manège, néanmoins, très vite, trop atteinte, elle retomba dans ses égarements. Les parents de Frédéric disposaient dans l’arrière-pays montpelliérain d’un petit mas perdu entre chênes verts et champs de lavande. Ils décidèrent d’y passer trois semaines de vacances et elle se dit qu’elle saisirait là l’occasion d’enterrer ses vieux démons. Depuis le début de l’aventure qui la liait à Frédéric, elle était restée en relation avec Élodie, ...
    ... l’amie qui l’avait accompagnée dans le choix de sa tenue lors de la première invitation. Elle lui avait raconté, avec force détails, les heurs et malheurs de sa liaison et celle-ci avait maintes fois tenté de l’apaiser et de la raisonner. Élodie proposa de les y rejoindre les huit derniers jours. Flora en fut enchantée, mais l’empressement que manifesta Frédéric à acquiescer lui fit soupçonner qu’il avait peur de s’ennuyer en sa seule compagnie. À l’arrivée d’Élodie, elle se jeta dans ses bras puis lui présenta Frédéric. Quand ils se serrèrent la main, elle comprit tout de suite que ces deux-là se plairaient réciproquement, car elle décela dans ce geste beaucoup de langueur déjà et surprit des regards pleins de complicité. Dès le soir, elle vit son Frédéric reprendre ses attitudes et discours de séduction. Élodie n’y resta pas longtemps indifférente et bientôt lui rendit sourire pour sourire, bon mot pour bon mot. Flora en fut très affectée et conclut que c’était là, la femme qu’il méritait. Elle n’en fut nullement jalouse, pensant que « le chat ne pouvait envier tigre », trop persuadée de son infériorité et estimant d’office qu’elle ne pouvait que s’incliner. N’en voulant pas à Frédéric et à peine plus à Élodie, elle reporta toute sa rancœur sur elle-même. Elle informa sa copine qu’elle acceptait de lui laisser champ libre. Celle-ci se récria et essaya de la tranquilliser de mille manières, rien n’y fit. Flora multiplia dès lors ses absences abandonnant les deux jeunes gens ...