1. Le temps du désir


    Datte: 22/12/2018, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession,

    ... sourire. Je sais qu’elle va ruminer : elle ne peut pas s’en empêcher. Et tout soudain, au moment où je ne m’y attendrais pas, elle m’expliquera en long, en large et… de travers, ses rêves érotiques. Il suffit de patienter. À voir ses sourcils froncés, je parie qu’elle a commencé à cogiter et à débattre sur l’opportunité de parler de ça. Bien sûr, j’imagine que chez elle, on ne doit guère donner de leçon sur l’art de bien se branler ! Ce serait plutôt sur l’art de la prière, les bienfaits de la chasteté et les vertus de l’abstinence en temps de carême ! Ça doit finir par vous parasiter le cerveau ce genre de leçons inlassablement réitérées. La jolie tête blonde doit être bien farcie, façon dinde dévote, d’un tas de principes peu spiritueux. Il ne manquerait plus qu’elle m’explique qu’érotisme et prière vont de pair et qu’elle se touche en récitant des sourates bibliques. La maison est plantée un peu à l’écart du village. De hautes haies de troènes l’enferment comme le château deLa Belle au bois dormant. Un large portail plein en fer blanchi garde l’entrée et sur le pilier de gauche, un interphone vidéo est incrusté comme un œil d’acier cyclopéen. — C’est Fort Knox ! ne puis-je m’empêcher de remarquer.— Ça ! On n’est pas dérangés par les voisins ! confirme-t-elle. La demeure en pierres de granite est trapue : un simple rectangle à deux étages posé sur une butte légèrement surélevée. Le vaste jardin qui l’entoure est un tapis vert qu’un maniaque forcené a tondu à la manière ...
    ... d’un green de golf. Pas un épi d’herbe ne dépasse de la surface unie. Quelques massifs où s’ébattent de joyeuses tulipes multicolores cernées de rosaces de jonquilles jaune d’œuf et où se dressent des cépées de bouleaux, forment des oasis soigneusement circonscrites dans un cercle parfait. L’allée pavée de bleu ardoise, mène en ligne droite vers les marches du perron. Mais deux lignes perpendiculaires conduisent à droite vers un garage, à gauche vers un abri de jardin. L’ensemble est si géométriquement disposé qu’il m’indispose, moi ! Je songe soudain, que vu du ciel, aucun doute possible, l’allée centrale et ses deux bras forment le dessin d’une croix… J’y crois pas ! D’ici que les massifs de fleurs figurent les pleureuses au pied du calvaire, il n’y a pas loin ! La dévotion religieuse appliquée jusque dans l’architecture des lieux… Cassandre m’a pris la main pour remonter l’allée. Sa petite main toute chaude. C’est bien, parce que le décor m’a glacée ! Sincèrement. C’est trop… parfait, trop rectiligne, trop carré ou trop rond. Ce doit être angoissant de vivre dans cet univers impeccable, sans défaut… il faut être à la hauteur ! Quand je pense à papa qui, lorsqu’il tondait l’herbe du petit pavillon que nous avions eu la chance d’occuper quelques années auparavant, s’évertuait à ne pas couper les fleurs éparses, surgies çà et là, sans idées préconçues, sauvages, indomptables, laissait sur le vert immaculé de la pelouse des îlots dispersés où pointaient des pétales blancs ou ...
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