1. Le temps du désir


    Datte: 22/12/2018, Catégories: ff, jeunes, école, amour, init, confession,

    ... jaunes, pâquerettes et pissenlits ou boutons d’or, tâches irrégulières dans l’océan miniature de notre jardinet, j’aime à rêver qu’il avait l’âme d’un poète(d’accord, ma phrase est un peu longue… j’espère juste qu’elle n’est pas incorrecte !). Le père de Cassandre, lui, tondait – ou faisait tondre sa fille – en militaire ! Cette vie tirée au cordeau, millimétrée, m’aurait rendue folle ! — Ça en jette ! C’est… drôlement bien aménagé… dis-je d’un ton pas très convaincu, juste pour lui faire plaisir.— Tu déconnes ou quoi ? C’est l’enfer, oui ! – a-t-elle choisi le mot à dessein ? – Je dois me taper la tonte de la pelouse, le binage des parterres et tout le reste. Sous l’œil paternel ! T’imagines ? C’est comme ça que je gagne l’argent de poche « que je dois mériter », dixit papa. Bon, d’accord, c’est lui qui a fait l’essentiel du travail au départ, mais l’entretien c’est une torture pour moi. J’aime pas jardiner ! Passer la tondeuse, ça va encore… mais triturer la terre, arracher les mauvaises herbes, ça me fait des mains de paysanne, ça abîme mes ongles et ça m’énerve ! Je déteste ça ! Je ne rétorque rien. Mieux vaut, parfois, avoir la sagesse de l’éléphant qui écoute sans barrir. Il a les oreilles pour ça ! Je découvre que Cassandre a ses coquetteries :« Oups ! Je me suis cassé un ongle !»… Ça me fait sourire, mais elle ne s’en aperçoit pas. L’intérieur de la maison confirme ce que l’extérieur promettait. Aucun désordre, pas l’ombre d’une poussière égarée sur les meubles ...
    ... sombres. Tout est immaculé, comme à la conception ! Je contemple navrée, les vaisselier, commode, armoires, maie, bibliothèque, canapé et fauteuils… tout ce mobilier de chêne usé, passé, d’un noir désuet, funèbre ; la peinture blanche des murs le met en relief par contraste. Ils pourraient nous en conter des histoires de famille ces vieux bois : ils en ont vu passer des générations… Un vrai musée. Au milieu de ces vieilleries – sûrement de valeur – Cassandre m’apparaît comme un rayonnant anachronisme. Elle me sourit, espiègle, mutine : — Tu sais qu’on est seules ? Maman ne rentre qu’à dix-sept heures.— Si on se mettait aux révisions ? la taquiné-je.— Axel ! me morigène-t-elle. Viens ! Elle me prend la main. Nous escaladons le large escalier qui prolonge le couloir de l’entrée. En haut, un autre couloir le coupe perpendiculairement. Nous prenons à droite, deuxième porte. Sa chambre est spacieuse, mignonnette, lumineuse. Les murs semblent couverts d’ivoire. Quelques posters sur lesquels, comme elle me l’avait dit, on découvre des chevaux et des sous-bois… des paysages verdoyants, et des feuillages d’automne… comme dans les salles d’attente d’un médecin ! Mon regard s’attarde sur un cadre, suspendu au-dessus de son bureau : une amazone se tient bien droite sur son cheval bai. De la bombe vissée sur son crâne, cascade la blonde crinière de Cassandre. Le regard fixé vers l’objectif, sérieuse, fière, majestueuse, elle semble me dévisager, Ses mains gantées, reposent sur l’encolure de la ...
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