Couleur Tournesol
Datte: 23/12/2018,
Catégories:
hagé,
fagée,
campagne,
jardin,
amour,
dispute,
nonéro,
mélo,
... apporté dans sa vie, tout ce qu’il ne veut pas perdre. Arrivé de l’autre côté de la route, et à l’entrée de son verger, il éponge son front en sueur. Reste le plus difficile à faire. Pouvoir lui parler. Il hésite un instant se rappelant les remarques désobligeantes d’André: « elle se moque de tes sentiments » et puis refusant la fatalité, s’avance par l’allée qui mène au cabanon. Le camp est tellement bruyant que personne ne l’entend. Cela court, cela parle haut dans une langue qu’il ne connaît pas. Roux passe sa tête blanche derrière une caravane, cherche des yeux Ethel dans différents groupes mais ne la trouve pas. Une sourde angoisse l’étreint. Pourvu qu’elle n’ait pas fait une bêtise en apprenant la nouvelle…Elle était partie si vite cet après-midi ! Un instant, Roux imagine la scène: la gitane dans sa jupe tournesol couchée sur le bitume, une mare de sang autour d’elle ! Non, elle n’a pas fait ça, il ne veut pas, ça ne peut pas être vrai. Une main se pose sur son épaule, frémissante: — Roux, qu’est-ce que vous faites ici ?— Ethel, mon Dieu, j’ai eu si peur ! Je…j’ai eu si peur d’un accident… La gitane sourit, caresse la joue de l’homme qui paraît si bouleversé de la retrouver. — Il ne fallait pas vous déranger pour moi ! Vous savez au camp, nous avons l’habitude des expulsions…C’est presque étonnant de rester dans un endroit plus de 4 jours. Et puis…c’était ma faute. C’est pour ça que je suis partie cet après-midi. Si je ne m’étais pas énervée, je suis sûre que nous ...
... serions restés. Les gamins ne sont allés voler des framboises que par représailles, parce qu’ils trouvaient que votre ami avait sali mon nom. C’était de la vengeance stupide…Pardonnez-leur, pardonnez moi !— Tss-tss tss-tss tss-tss…C’est moi qui demande votre pardon Ethel. Pour moi, parce que j’aurais dû intervenir quand André vous a insultée et puis j’aurais dû me douter qu’il irait jusqu’au bout. Mais je pensais que son énervement retomberait et qu’il n’avertirait pas le sous-préfet… Et puis je ne vous ai guère défendue quand Mme Bertin est venue troubler notre tête-à-tête…J’étais tellement submergé…et vous m’avez sans doute détesté ! — Non Roux…je…j’étais juste bouleversée…Mais venez ! Ma caravane est un peu plus loin au bord de la rivière, nous serons mieux pour parler que sur nos pattes.— Et vos amis ?— Je n’ai de compte à rendre à personne, sauf au grand chef qui a le même âge que vous. Ce serait bien le diable s’il avait à redire quelque chose contre un de mes amis. Allons venez… Roux la suivit jusqu’en bordure de Couze, longeant les caravanes. Ils croisèrent deux femmes qui les dévisagèrent avec curiosité, se retournant sur leur passage avec un air soupçonneux. Mais Ethel déjà entraînait Roux à s’asseoir dans le grand fauteuil qui jouxtait sa caravane. — Attendez-moi, je reviens. Roux s’assit et sourit en la voyant apporter un plateau avec deux verres ballon de verveine Pagès ainsi que deux coupelles de gâteaux apéritifs. — Nous sommes peut-être expulsés demain mais avant ...