1. À vendre


    Datte: 15/01/2019, Catégories: fh, couple, jardin, amour, vengeance, Oral mélo, policier, amourdura,

    Début des années 1970, une braderie comme tant d’autres, un matin de fin de printemps ensoleillé… — Tu m’fais chier, Robert ! T’as qu’à le faire toi-même si t’es pas content !— C’est pourtant pas la mer à boire que de donner le bon prix, non ?— C’est pas mon métier à moi ! Moi, j’y connais rien de rien ! J’suis pas antiquaire et brocanteur comme toi, figure-toi !— Varina, c’est pourtant pas compl…— Écoute, Robert : si j’étais vraiment antiquaire, tu crois franchement que je serais là avec toi sur cette braderie ? Non, je serais à MON compte ! Alors estime-toi heureux que je me lève encore chaque week-end à cinq heures du matin depuis des années pour te suivre et me geler les miches toute une journée à essayer de vendre des cochonn…, des machins auxquels je ne connais rien de rien ! Ok ? Ça fait quelques minutes que ce couple se dispute, sans se préoccuper des badauds qui passent. Elle, une femme plutôt jeune, fine, brune, T-shirt rose, petit short blanc, un cabas informe qui pendouille étrangement à ses côtés ; lui, un homme plutôt mûr, râblé, grosse moustache, pull vert informe, pantalon marron sans âge, sûrement dix ans de plus, voire même quinze. — De toute façon, tu ne connais rien à rien ! Sans moi, tu serais toujours dans le ruisseau à…— La ferme ! Moi, môssieur, je travaille, un VRAI travail ! C’est qui qui paye la bouffe ? Ton essence ? Tes bistros ? Parce que ce n’est certainement pas avec tes ruines qu’on peut avoir des pâtes pour dîner ! De toute façon, ce ...
    ... fric-là, j’en vois même pas la couleur, tu te le gardes en poche !— T’aurais aussi du fric si tu vendais quelque chose, mais voilà, t’es nulle et incapable ! Et tu sais quoi ? Tu saurais même pas te vendre toi-même !— Ah oui ? Tu vas voir ça ! En rage, elle se saisit d’un petit carton et y trace à coups de traits rageurs un grand « À vendre ». Puis, avec une ficelle, elle se l’accroche au cou, contre son T-shirt rose. Elle raille : — Tu disais que je ne sais pas me vendre ? On va voir !— Pff ! Même à cent francs, personne ne voudra de toi !— Ah oui ? On va voir ! Avec son gros feutre qui rend doucement l’âme, elle ajoute cette somme en bas de la petite pancarte, puis elle croise posément les bras et regarde son compagnon avec un air de défi manifeste. Celui-ci ricane : — Ma pauv’vieille, tu perds ton temps !— La ferme, Robert !— Et toi, tu… Une voix masculine profonde les stoppe dans leurs amabilités : — Cent francs, dites-vous ?— Oui, cent, prix ferme et définitif ! répond, railleur, Robert.— Oui, cent, pas plus, pas moins ! réplique Varina sur le même ton.— Ok, ça me convient parfaitement… Impassible, l’inconnu aux courts cheveux bruns sort un billet tout neuf, le tend à Robert interloqué, puis, tout naturellement, tend la main à Varina, toute aussi stupéfaite, qui obéit machinalement, mettant la sienne dans la large paume qui l’enserre ensuite. Elle constate alors que cet homme est plutôt grand, carré, il domine nettement Robert qui semble être écrasé par sa stature. — Madame a ...
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