To be or not to be (5)
Datte: 23/01/2019,
Catégories:
Transexuels
... pris une partie pour m’offrir une épilation définitive du visage et du torse. Mais il fallait me rendre à l’évidence : je devais me trouver un travail moins aléatoire. Malgré ses bonnes intentions, le patron du supermarché ne put me reprendre. J’épluchai donc les petites annonces. Je postulai, sans résultat. Jusqu’au jour où, en me promenant de la ville voisine, je remarquai une annonce scotchée à la porte d’un magasin de vêtements : « recherche vendeuse mi-temps ». « pourquoi pas » me dis-je. Je poussai la porte. — Bonjour madame, dit la gérante en s’approchant. Que puis-je pour vous ? — Je viens pour l’annonce. Elle me toisa de pieds en cap. — Vous avez de l’expérience ? — Aucune ! répondis-je sans détour. Et puis, je dois vous dire que je ne suis pas tout à fait ce que je prétends être. — C’est-à-dire ? — Sous ma jupe, je suis un garçon. — Ah ! fit la gérante étonnée. Elle resta silencieuse un instant. — Ce n’est pas vous qui aviez monté une pièce de théâtre il y a quelques années ? — En effet, j’ai monté une pièce. Je jouais le rôle d’une femme qui avait repéré un couple et jeté son dévolu sur le mari — Je me rappelle maintenant. J’avais été assez étonnée par la performance des amateurs que vous étiez. — Vous avez vu ma pièce ? Cette fois, c’est moi qui étais étonnée. — Oui, avec mon mari. L’affiche, le sujet nous avait interpelés. Et qu’est-ce qui vous dit que vous pourriez faire l’affaire ? — Je pense que je présente bien, je m’y connais un peu en mode féminine et je ...
... peux très bien jouer la comédie pour faire croire à une cliente que tout lui va à merveille, ajouté-je en riant. La gérante réfléchit un moment, tournant autour de moi, comme un maquignon autour d’une vache. — Pourquoi pas, après tout. Qu’est-ce que je risque ? Si ça ne vas pas, on le saura assez vite. Salaire, c’est le minimum syndical. Vous pouvez commencer quand ? — Ça me va pour le salaire. Et je peux commencer maintenant. — Très bien … ? — Chloé. — Chloé donc. Moi, c’est Ghislaine, propriétaire de la boutique. Venez, je vous fais le tour du propriétaire. Ghislaine était une femme, la petite cinquantaine. Des formes pulpeuses, une belle poitrine, habillée avec gout, les jambes gainées de nylon et perchées sur des talons hauts, maquillée sobrement. Une femme très belle et très désirable si j’avais eu vingt ans de plus. Grace à ma mémoire façonnée par des heures de répétitions de textes interminables, j’enregistrai rapidement tout ce qu’il y avait à savoir. Ghislaine me laissa rapidement accueillir et servir les clientes. Mais contrairement à ce que j’avais dit lors de mon court entretien d’embauche, je n’hésitai pas donner mon avis sur les choix des clientes, même s’il était négatif. Et dans ce cas, je leur proposais autre chose, qui plaisait ou pas. Ghislaine s’offusqua de mes critiques et me le fit savoir mais il s’avéra que les clientes aimaient bien qu’on leur dise la vérité et non des paroles flatteuses. Ghislaine me laissa de plus en plus de liberté. Après quelques ...