1. Belladone, aux vénéneuses séductions !


    Datte: 08/02/2019, Catégories: fh, ff, prost, caférestau, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, Oral 69, mélo, portrait, policier, bourge,

    ... qu’en fait elle vient de souffler ses vingt-six bougies. Elle se déclare néanmoins trentenaire, présumant sans doute que cet âge intermédiaire lui octroiera aussi bien les hommages des dignes ancêtres que ceux des fringantes nouvelles générations. Brillant calcul qui ploie à ses genoux, en cette circonstance, un vaste parterre d’agents de l’autorité, de bourgeois, et surtout de militaires. Il n’est pas jusqu’au jeune abbé Malebranche qui ne vienne lui débiter compliment et faire révérence. La fraîcheur de son minois, la délicatesse de son teint, sa distinction naturelle, son élégance raffinée qui souligne d’opportunes rondeurs la distinguent de nombre de ces aïeules dont les ornements ne font qu’accentuer l’incurable carence de toute beauté. Un port altier tempéré par un brin de modeste réserve et d’une pudeur de bon aloi ajoutent au charme, même si, par instants, son regard s’anime d’une flamme étrange. Le lieutenant Bernstein, lui aussi ancien Alsacien et fils de réfugiés àl’intérieur, semble spécialement en grâce et recueille l’essentiel de ses attentions. La coterie de ses rivaux se console en répétant qu’il n’épousera pas la fille d’un simple fonctionnaire et que, comme monsieur le traîneur de sabre cherche tout à la fois une dot et un pucelage, il lâchera rapidement la donzelle pour convoler avec fortune mieux établie. Peu avant minuit, mademoiselle Marie-France, qui tourbillonne au bras de son séducteur, se tord la cheville et, après avoir pris congé de lui sur la ...
    ... terrasse, annonce que, souffrant atrocement, elle se retire. À sept heures du matin, ce lundi 14 juillet, la maréchaussée frappe à la porte du domicile de monsieur le premier secrétaire du troisième bureau. On vient de retrouver sa fille morte, selon toute vraisemblance assassinée, dans le bac de l’écluse situé à côté des glacières. Une heure plus tard, un conseil de guerre restreint se déroule dans le cabinet du préfet. Y participent le préfet lui-même qui devra cependant bientôt s’absenter car il préside les commémorations et autres défilés de cette journée historique, le président du tribunal de grande instance, le chef de la police, le commissaire Dumouriez chargé officiellement de l’enquête, le commissaire Lescroq, monsieur Haas éploré, lui qui, extralucide quant aux heurs et malheurs de la France, n’a su prévoir ceux de Marie-France. Parmi ces protagonistes, Dumouriez et Lescroq se détestent cordialement, ou plus exactement Dumouriez déteste son confrère qui ne se donne pas la peine de lui rendre la politesse et se contente de le tenir pour un fat qui associe incompétence avec arrogance et prétention. Les griefs de Dumouriez sont, eux, multiples et variés : il ne supporte ni l’allure hirsute et dépenaillée, ni l’alcoolisme de son collègue, indigne de son grade ; il lui reproche de porter le bandeau qui masque son œil perdu pendant la guerre à la manière d’une décoration ainsi que son franc-parler, mais surtout ses nombreux silences qu’il sent peser sur lui comme autant de ...
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