1. Coup de foudre et de poing au bahut


    Datte: 10/02/2019, Catégories: jeunes, couleurs, école, amour, nonéro, exercice, humour, coupfoudr,

    ... rouge près de moi, après m’avoir lancé en coin un bref coup d’œil peu amène, se replonge dans ses graffitis : elle crayonne des petits personnages façon lutins tout autour des rares notes qu’elle a prises durant le cours. Au moins, elle ne va pas m’emmerder avec des questions à la con. — Axel ! (Merde, je le savais !) Queneau, ça vous dit quoi ?… La prof me fixe, le regard sceptique… par anticipation ? Est-ce que je lui en pose des questions, moi ? Je soupire ostensiblement, prenant l’air le plus ennuyé possible. Ne la décevons pas ! — Ça me dit… ça me dit… C’est le mari de Quenelle, non ? Nouvel éclat de rire dans la classe, dont l’un, tout flûté, juste à ma droite… Je tourne la tête : c’est la chevelure ! Une crinière interminable, mais celle-ci d’une humanité bouleversante, qui me dissimule les traits de son visage. Rien que des cheveux… des cheveux qui rient dans la lumière de la fenêtre. Ça me fait un choc ! J’entends vaguement l’ombre azuréenne de la prof déclarer ironiquement qu’elle est contente d’accueillir dans la classe un « drôle de phénomène ! » Alors je la fixe et complète ma réponse : — Accessoirement, l’époux de Quenelle est l’auteur desExercices de style, deZazie dans le métro, desFleurs bleues et membre de l’OULIPO, autrement dit, Ouvroir de Littérature Potentielle. Ça la cloue sec — et le bec avec — au tableau blanc de ses nuits noires, la prof en bleu. Commotion cérébrale en vue ! Charbovari n’est pas si bovin qu’il en a l’air. Ça fait une belle jambe au ...
    ... guérisseur de pied bot, parce que le regard qu’elle me lance ressemble étrangement aux deux orifices meurtriers d’un fusil à canon scié ! Elle va me plomber… me pulvériser… m’atomiser. E13, le chiffre porte-malheur. — Je crains, Axel, que nous ne devions parler à la fin du cours. Il va vous falloir apprendre certaines règles de comportement ! Craint-elle le dialogue avec moi ? Quoi qu’il en soit, la classe a fait silence lorsque la voix glacée de madame Thomachevsky – est-ce que ça s’invente au Maghreb, un nom pareil ? – a annoncé notre entrevue à venir. J’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un silence de condoléances. Les remontrances ne sont pas aussi terribles que le laissait présager l’air rébarbatif de la prof. Elle se montre même très compréhensive. J’ai fait profil bas, bien entendu. Il n’était pas question de me mettre déjà à dos le corps enseignant. Les jours passent. Comme prévu, je ne me fais pas d’amis. Certains et certaines ont essayé de m’aborder, mais je les ai vite découragés. Le silence est mon arme défensive. Pendant les cours, j’ai réussi à me faire une place au fond des classes. On ne cherche pas à m’en déloger. Tant qu’on me fiche la paix, ça va… Je ne suis pas le « bouc hémisphère » de la terminale L – un intellectuel de la classe avait beaucoup amusé Thomachevsky avec cette coquille dans sa copie. Finalement, je m’entends bien avec cette prof. Elle est intéressante et fait tout pour que nous progressions en vue de l’examen de fin d’année. Pendant les ...
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