1. Natasha & Franck (26)


    Datte: 01/03/2019, Catégories: Transexuels

    ... à disposition ces capacités extraordinaires, il serait peut-être encore en vie. Il voulait ainsi essayer de sauver les vies de personnes dont la vocation était d’en protéger eux-mêmes d’autres. Ou peut-être voulait t-il seulement venger son fils. Il avait sympathisé avec Gjurd Sandvik, un brillant médecin, féru de biologie, qui avait pris soin de son fils rapatrié dans le coma. Il n’avait rien pu faire pour son fils mais il avait été d’un précieux soutien face à cette épreuve. Il avait d’abord écouté avec patience ses élucubrations, puis il l’avait conseillé quand il butait, lors de ses enquêtes, sur une question de biologie, fier de pouvoir partager ses connaissances en la matière. Il ne croyait pas vraiment – ou plutôt vraiment pas – dans les projets de Dagvard, mais comme le dit l’expression « ça ne mange pas de pain ». Jusqu’à ce que cette étrangère débarque dans son service et bouscule ses certitudes scientifiques. Il avait cru d’abord que les résultats étaient faussés par une grossière erreur de manipulation, ou même qu’un plaisantin lui avait fait un canular ; mais quand il eut la certitude du contraire, il s’était empressé de contacter le policier. Celui-ci avait réussi à persuader deux collègues, trop heureux de briser la monotonie de leur soirée, de l’accompagner pour ce qui s’annonçait comme une découverte majeure. Des frissons avaient parcouru la colonne vertébrale de Dagvard pendant tout le temps du trajet jusqu’à l’hôpital. Quand il souleva le drap qui ...
    ... recouvrait le corps de cette étrangère, ce fut un tout autre genre de frisson qu’il ressentit. Avant même qu’il ne pince le tissu entre le pouce et l’index, une sueur froide lui coulait le long du dos. Il se demanda bien pourquoi il insistait. Il aurait pu attendre que Gjurd les rejoigne ou laisser son jeune collègue le faire, mais il insista et son sang se glaça. Il eut à peine le temps de croiser le regard vert quand les paupières s’ouvrirent, il eut à peine le temps d’apercevoir les plaies qui déchiraient le visage que déjà son cœur démissionnait, avec un grand et bien tendu doigt d’honneur. Son acolyte tenta de le retenir dans sa chute, mais Valérie se redressa en poussant alors un cri suraigu, un cri de banshee. Il essaya d’atténuer la violence du son à l’aide de ses mains, et le presque retraité continua sa descente jusqu’au lino gris clair. Herlaug Arnesen avait même violemment contracté ses paupières dans l’espoir que cela l’aiderait à assourdir un tant soit peu ce cri strident qui lui vrillait les tympans. Il ne put ainsi éviter la main griffue de Valérie qui s’était redressée en donnant ce qui ressemblait fortement à un coup de patte d’un grand félin. Il garderait à vie deux cicatrices traversant son visage, depuis sa tempe gauche jusque sur la droite de son menton. Il pouvait s’estimer heureux : à quelques centimètres, son œil se serait fait la malle et aurait rejoint son collègue sur le lino. Elle allait lui vider la mémoire, mais elle se retint. Il était préférable qu’il ...
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