1. Natasha & Franck (26)


    Datte: 01/03/2019, Catégories: Transexuels

    Cela faisait peut-être plus d’une heure que je parlais à un spectre. Un spectre qui pouvait cependant être bien concret, selon son bon vouloir. Et si la situation ne semblait finalement pas me choquer, c’était uniquement parce que ce fantôme était celui d’une ex. Peut-être aussi parce que son corps avait une consistance qui le rendait tangible. Je fermai les yeux pour m’aider à me concentrer. En résumé, j’avais face à moi une créature qui ne m’inspirait pas une confiance excessive, mais qui, à part jouer avec ma culpabilisation, n’avait jusqu’à présent pas occasionné de réel problème. Et il y avait quelques policiers qui ne tarderaient pas à faire irruption dans la chambre, pour je ne sais quel motif. ─ Garde ton sang-froid, Franck. ─ Ce doit être plus facile pour toi, répondis-je. ─ Une petite diversion serait bienvenue, qu’en penses-tu ? La peau de Valérie devint entièrement noire. Un noir profond qui ne renvoyait aucune lumière. Elle se transformait. Son corps devenait immatériel, comme une masse de fumée qui se désagrège. Aucun courant d’air pour déchirer cet amas : il se déplaçait par sa seule volonté. En quelques secondes, elle avait disparu. J’étais incapable de savoir par où elle avait quitté la pièce, mais elle n’était plus là. Un instant je me demandai si j’étais vraiment éveillé. Que s’était-il passé ? Depuis la fin du concert et le malaise de Natasha, il me semblait ne plus être dans le même monde. Je n’étais sous l’emprise d’aucun produit illicite, je n’avais ...
    ... pas abusé d’alcool non plus. Il s’était passé quelque chose qui m’échappait encore, mais il y avait eu un basculement. Je fus tiré rapidement de mes interrogations : un concert d’alarmes retentissait dans toutes les chambres, dans tous les étages, déclenchant la panique dans l’hôpital. Les infirmières et les médecins couraient dans tous les sens. Merci, Valérie, pour cette opportunité en or. Dès les premières sonneries, les filles s’étaient précipitées dans la chambre pour s’assurer que tout allait bien. Encore une fois je captai le regard de l’hôtesse d’accueil. Évidemment, l’entrée était surveillée par au moins un des policiers. ─ Il faut déplacer Natasha, trouver une autre chambre. Avec l’effervescence qui règne dans l’hôpital, personne ne nous remarquera. Ensuite il faudra essayer de prendre la poudre d’escampette, et ce, le plus discrètement possible. ─ Tu peux nous expliquer ce qu’il se passe ? ─ Il semblerait que Natasha ait éveillé la curiosité de certaines personnes. Qui et pour quelle raison, je ne sais pas, mais je n’ai pas envie de traîner ici pour le savoir. Sigrid, cherche-nous une chambre vide. Nous te suivons. ─ Et c’est quoi cette hystérie soudaine dans le bâtiment ? ─ Une alliée improbable ! Sigrid trouva une chambre au bout du couloir, à proximité des escaliers de service. Il me fallait maintenant évaluer la situation. Retrouver dans toute cette cohue le ou les policiers, estimer les chances de réussite de notre tentative de fuite. Alexandra, qui se plaignait ...
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