Lectures érotiques (14). Stephen Vizinczey : Eloge des femmes mûres (Editions du Rocher, 2001)
Datte: 18/08/2017,
Catégories:
BDSM / Fétichisme
... dans les récits sur mon couple candauliste et mon hypersexualité savent que, pendant longtemps, j'ai recherché comme amants des hommes bien plus âgés que moi. Cela fut le reflet de mon complexe d'Electre, que j'ai déjà évoqué. L'homme qui me dépucela, alors que j'avais juste 15 ans, l'âge de la majorité sexuelle, Gianni, un touriste italien, ami de mon père, avait deux fois mon âge. J'ai passé mes années de lycéenne et d'étudiante à mettre dans mon lit mes professeurs, rejetant totalement mes condisciples, incapables à mes yeux de m'apporter ce que j?attendais. Je rappelle aussi, qu'à une exception, les hommes que j'ai aimés avaient au moins une dizaine d'années de plus que moi : Philippe, qui a 12 ans de plus, ce fut aussi le cas d?Hassan et plus récemment de N. Je ne peux donc que comprendre Andras, lorsqu'il recherche l'expérience des femmes mûres. Oui, l'initiation sexuelle ne peut être pleinement vécue qu'avec un partenaire plus mûr, capable de vous enseigner les délices et les secrets. Faute d'avoir pu l'accomplir dans le cadre de mon complexe d'Electre, je l?ai réalisé ainsi. C?est ainsi que j'ai trouvé, dans Philippe, tout à la fois un mari, un complice, un père, un libérateur de mon hypersexualité, celui qui m'a poussé jusqu'au bout de ma nature. C'est ce qui fait que ce qui unit est indestructible. Je suis aujourd'hui ce que Stephen Vizinczey appelle une femme mure, ayant dépassé le seuil des 40 ans. Et comme les femmes qui ont fait l'éducation sexuelle d'Andras, ...
... j'ai peu à peu été attirée par des amants plus jeunes que moi, alors que j?avais, pendant tant d?années, rejeté les avances des garçons de mon âge. C?est insensiblement et inconsciemment que c'est fait ce changement radical. La première expérience dans ce sens fût lors de ce fameux voyage au Brésil, où, sans l'avoir voulu, je me suis offerte à ces jeunes inconnus, rencontrés sur la plage de Copacabana, Pedro et Joao (récit numéro 8). Ce fût pour moi un choc, une découverte. Et la confirmation, la vraie rupture, fût la rencontre avec Rachid (récit numéro 10). J'avais plus de 30 ans, il en avait à peine 18 ans. Lorsqu'il m'a prise la première fois, dans l'ascenseur de mon immeuble, alors que je ne le connaissais pas, ce fût pour moi comme un second dépucelage. Pendant les deux ans et demi où je fus sous sa coupe, Rachid m'a livrée à beaucoup d'expériences. Celle qui reste ancrée dans ma mémoire, ce fut ces séances du mardi après-midi, où j'allais à la cité de la ville où nous habitions alors et où j?étais offerte aux jeunes choisis par Rachid et ses acolytes. J'ai raconté ces séances, où j'étais souvent la première expérience de ces jeunes. Parmi ces nombreux jeunes qui furent alors mes amants, il y avait beaucoup d'impatience, de difficulté à se maîtriser, à me voir autrement que comme une « kahba », qu?ils méprisaient et ne considéraient que comme une « vide-couilles ». C'est ce que j'étais pour eux, d'autant plus que j'étais l'épouse de T, un notable qu'ils bafouaient en ...