1. Méli-Mélo (suite)


    Datte: 18/08/2017, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    Une brosse à dents ? Les phares illuminaient l'asphalte mouillé et l'auto filait entre les feux verts alignés parfaitement syncros de la rue de Rivoli. La figure de la fille était tournée vers moi et ses yeux riaient du mauvais coup que nous avions fait ce soir-là à nos infortunés compagnons de resto. De près, sa bouille était encore plus juvénile et gaie, malgré l'obscurité, qu'elle m'avait paru dans les lumières du restaurant. Sa voix, qui parlait brosse à dents, m'a surpris. Une voix sourde, basse, intérieure, forte. Une voix que ne couvrait pas le bruit du gros flat six, sans qu'elle parût faire effort de hausser le ton. Elle s'était coulée dans le baquet et se laissait conduire sans rien rajouter. Elle avait baissé le col de l'imper mais ne l'avait pas déboutonné. Aussi étais-je resté sur mon expectative concernant son devant tout plat. En fait, je n'y pensais pas, plus. J'étais plutôt épaté de ma bonne aventure. Je m'interrogeais, au moins en ai-je une, de brosse à dents, neuve, sous blister ? Sinon, lui faudra prendre la mienne. Une fille qu'on vient de sauter peut-elle encore faire la difficile à réclamer une brosse à dents neuve ? Au matin, épanouie ? Et je pensais, il y a bien plus important que ces histoires de brosse à dents. Te reste-t-il au moins quelques capotes ? Ou bien te faudra-t-il faire petit détour par le drugstore de l'Etoile pour réapprovisionner tes stocks ? Je pensais, une fille qui s'inquiète de brosse à dents, à coup sûr, lui faudra le chapelet ...
    ... Durex complet sinon fera sa mijaurée àque moi la dèche qui me coule sur les cuisses c'est pas classe... Mais j'ai jeté un coup d'œil latéral et sa bouille gaie illuminée des couleurs dansantes de la nuit a d'un seul coup, d'un seul, effacé ces calculs à la con de vieux dragueur parisien. Sûr que j'avais mon tiroir de table de nuit bien garni et tout à l'avenant en dedans. Je ne voulais plus penser aux contingences. Je voulais juste vivre le moment présent et cette rencontre étonnante avec cette fille comme petit miracle de complicité. Presque je dirais d'innocence. Mais, ne poussons pas... Alors, pensez, les capotes et la brosse à dents... Mon auto connaissait la route à suivre et nous sommes très vite arrivés devant la porte basculante du garage souterrain de mon immeuble. Petit appui sur la zapette, lever grinçant de l'huis, labyrinthe dans le double pinceau des phares, portes de la Porsche doucement claquées, le ranschlag de la zapette y clignotements oranges de confirmation technologique, l'ascenseur jusqu'au dernier étage, mon chez-moi. Elle s'est ébrouée comme chien mouillé dans mon entrée sur mon paillasson. Elle a quitté l'imper, le suspendant tout trempé au perroquet, et s'est offerte à mes bras dans la maille claire que je savais. C'était moment de vérité. Je la serrai dans mes bras mais, j'avoue, mes mains étaient en exploration. Alors, elle s'est rebiffée. Zêtes tous pareils les mecs, incapables de prendre amoureusement une fille sans vous enquérir du soutif, de la ...
«12»