Lola
Datte: 17/03/2019,
Catégories:
amour,
nonéro,
portrait,
... pour la remercier des programmes qu’elle lui avait permis de regarder ; mais il y avait longtemps déjà que c’était plutôt parce qu’il avait encore le choix de pouvoir l’éteindre. Il se sentait bien. Trop souvent, il ne se sentait pas trop bien dans ses godasses, mais là, il était bien. Il n’était pas rasé, ça lui arrivait encore, et il aimait bien cette sensation, cette peau râpeuse, ça faisait viril, « Gainsbarre », mais ce n’est pas lui qui aurait flambé un gros billet comme l’autre l’avait fait ! Quand il y repensait, ça lui mettait la rage, et plus encore quand il se souvenait de l’attitude équivoque qu’il avait eue, le Serge, avec sa gamine, sa propre gamine ! Rien que d’y penser, ça lui donnait des crampes. Il but encore une gorgée de bière. Elle n’était plus très fraîche et il la vida d’un trait ; ça en faisait combien déjà ? Une demi-douzaine, sans doute, mais il n’irait pas en chercher d’autres, il était trop bien là… Bien abrité par le feuillage, il ne faisait pas un mouvement. Ses pieds étaient nus dans des sandales, et son gros orteil droit, démesurément plus long que les autres, ressemblait à une parodie de pénis, mais il s’en fichait royalement. Un jour, par plaisanterie, il avait voulu l’utiliser comme si c’était son sexe, et il s’était fait d’abord rudement rembarrer, mais sa femme lui avait dit ensuite que, tout compte fait, son orteil serait peut-être plus un peu plus « efficace » que son zizi… Ça n’avait pas amélioré ses relations avec les femmes en ...
... général, ni avec la sienne en particulier. Bah, c’était de l’histoire ancienne, tout ça… Il dut quand même bouger un peu, car le soleil avait tourné, et il se recula afin d’être à nouveau à l’abri de l’arbre. Lola était arrivée au bout du chemin. Elle s’engagea vers la droite en pressant le pas, car il lui semblait que l’air s’était maintenant chargé d’électricité, et elle craignait de ne pouvoir atteindre la maison avant que l’orage n’éclate. Elle n’avait jamais aimé cette partie du bois. Il y avait là des odeurs qui lui donnaient des frissons, comme si des animaux y étaient morts depuis longtemps. Elle savait pourtant que ce n’était pas vrai, que c’était du sol que montaient ces odeurs, de la mousse et des feuilles humides. N’empêche, elle pressait le pas les rares fois où elle passait par là. Les rayons du soleil peinaient à traverser le feuillage, et le vent y faisait jouer d’inquiétantes silhouettes… Elle se dépêcha, n’osant plus tourner les yeux vers les grands arbres, et elle essaya de ne plus entendre craquer les branches. « Merde ! » se dit-il en grommelant. L’orage imminent allait l’obliger à bouger plus vite que prévu, et il n’aimait pas ça ! Il lui fallait une autre bière… Il passa une main peu soignée sur son front moite en se demandant si ça allait toujours continuer comme ça. Depuis qu’il était sans travail, ça s’était déjà passé à plusieurs reprises, et il savait que ce n’était pas fini. Mais c’était plus fort que lui, et son dégoût de lui-même n’était pas encore ...