La conversion
Datte: 27/03/2019,
Catégories:
fh,
extracon,
inconnu,
volupté,
pénétratio,
fdanus,
fsodo,
init,
... tatouages. Là, il exagère largement. Oui, bien sûr, je l’ai regardé un peu, il m’intriguait, son côté chinois exotique, ses tatouages, sa façon de parler. Mais, de là à prétendre que je suis restée toute la soirée, le regard scotché sur lui, il y a beaucoup plus qu’un pas. Mais le ton de la voix est amical, l’accent me ravit, je ne me sens aucunement agressée et son sourire perpétuel m’incite à lui répondre. — Bien sûr que j’ai regardé vos tatouages. Vous n’hésitez pas à les exhiber et il est quand même rare d’en avoir autant sur un seul homme. Je ne suis pas spécialement attirée par ce genre de peinture, mais je ne les ai pas trouvés laids.— Savez-vous où ils ont été réalisés ?— Je n’en ai strictement aucune idée, et pourquoi pas dans la boutique de piercing de la rue Lafayette ?— Non, certainement pas. Ils ont été faits chez moi en Polynésie. On dit que c’est là-bas que les tatouages ont été inventés, et en particulier, à Nuku-Hiva, la plus grande île des Marquises. Il me fait, alors, un exposé sur le tatouage, ses origines, les techniques employées, les outils, les peignes faits avec des dents de requin ou des os humains, le petit maillet qui permet de frapper sur le peigne et ciseler la chair, les veuves marquisiennes qui devaient se tatouer de la tête aux pieds, y compris les lèvres ; oui, oui, ça peut sembler incroyable, toutes les lèvres, mais aussi, les paupières, la langue, les oreilles. Puis son discours avait dérivé sur ses origines, un père tahitien et une mère ...
... tinto, en fait, une mère chinoise. Il s’appelle Bernard, son nom tinto est Li Chen. Il a aussi reçu un nom français, mais il ne l’utilise que rarement. Il est ce que l’on appelle là-bas undemi, mi-tahitien, mi-tinto, un peu les deux et aucun des deux, rejeté par les Tintos et rejeté par les Tahitiens. Alors, les tatouages lui ont permis d’affirmer son identité tahitienne vers laquelle il penchait, le tatouage est la preuve de son courage, de sa force, de son pouvoir, lemana. Il parle le tahitien qu’il a appris avec son père et ses oncles de la vallée de la Punaruu. Je l’écoute et, peu à peu, moi aussi, je m’accoude à la rambarde comme si j’étais en train de prendre mes aises pour une plus longue discussion. Je n’oublie pas que mon film va commencer dans moins de dix minutes et qu’il va falloir, quand même, que je prenne congé. Je dois, cependant, reconnaître qu’il me captive avec ses histoires, sa façon de les raconter, les rires sonores qui les ponctuent. D’entrée, il m’a tutoyé comme on le fait là-bas au Fenua. Tout le monde s’y dit tu, c’est plus facile. J’apprends aussi que je suis unepopaa et plus précisément unefrani, c’est-à-dire une blanche et plus particulièrement une Française. Maintenant, nous sommes tous les deux penchés en avant comme deux enfants qui feraient un concours de cracher dans l’eau et, toujours, en grande conversation. L’heure de mon film est largement dépassée et je commence à avoir froid. Ce quartier est habituellement désert la nuit,le Félix a éteint ...