Agnès
Datte: 13/04/2019,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
amour,
volupté,
photofilm,
Oral
pénétratio,
mélo,
... n’étaient jamais qu’un infime résumé de ce qu’elle avait à dire. Pourtant, nous avions déjà eu l’occasion de bavarder. Bavarder ? Que dis-je ? Nous avions parlé, discuté, même. Elle avait, bien entendu, jeté un coup d’œil à mes travaux qu’elle ne s’était pas contentée de survoler. — Et vous n’exposez pas ?— …— Vous devriez… vous avez une approche intéressante des choses. J’avais exigé qu’elle m’argumente son opinion. Elle avait argumenté et le contact s’était établi, très vite, spontanément. Nous parlions la même langue, avec des mots différents, parfois, mais nous nous comprenions. Nous avons parlé pendant la séance. Elle connaissait Helmut Newton et je lui fis découvrir Jacques Bourboulon, m’interrompant pour aller lui chercher un livre, qu’elle feuilleta pendant que je changeais de rouleau de film. Nous parlâmes littérature, peinture, poésie… Nous discutâmes encore lorsque je tombai à court de pellicule. J’ai insisté pour la reconduire et elle a accepté, ainsi nous pouvions poursuivre cette conversation pendant le trajet, puis devant chez elle. Il était tard lorsque je rentrai. Elle est revenue, la semaine suivante. Je l’attendais avec impatience et mon émotion était grande lorsqu’elle arriva. Elle avait une grande farde à dessins sous le bras. Elle la déposa dans un coin. Comme la première fois, elle se dirigea vers la chambre à coucher qu’elle avait choisie spontanément, et se déshabilla avec le plus grand naturel. Je la rejoignis avec mon appareil et nous continuâmes ...
... là où nous avions arrêté. Elle a dit : — Tu ne parles jamais de toi ? Elle était passée au « tu » et je trouvais cela "normal". — Tu ne me parles pas de toi, non plus.— Qu’aimerais-tu savoir ? Je baissai mon appareil photo, la regardai quelques secondes, réfléchissant. — Tout. Elle eut un petit rire amusé et, sans se démonter, rétorqua : — Tu as du temps devant toi ? Ce fut à mon tour de sourire. — Le temps, je ne l’ai pas, je le prends. Et quand j’en veux, j’en trouve toujours. Elle eut un petit sourire, puis son visage devint grave, son regard fixe. J’ai recommencé à faire des photos et Agnès a commencé à parler. D’elle, comme si cela lui était difficile, comme si elle n’avait pas pratiqué cet exercice depuis une éternité. D’une voix grave et basse, elle lâcha des bribes, me souffla des morceaux de sa vie comme on murmure une confession : son diplôme d’enseignante, son premier recueil de poèmes, retravaillé maintes fois parce que le comité de censure de l’Académie l’avait trouvé trop "érotique". J’ai réagi à ce mot ; elle s’est levée et est allée chercher, dans sa grande farde, un fascicule qu’elle m’a tendu avant de reprendre place sur mon lit. J’ai découvert, puis lu, avant de dévorer, une vingtaine de pages de poésie subtile, passionnée et fine, débordante de sensibilité, de sensualité, d’érotisme à couper le souffle. Lorsque j’ai relevé la tête, le respect pour cette personne, en face de moi, s’était doublé d’une admiration indescriptible. Je l’ai regardée longuement et ...