1. Intérim


    Datte: 17/04/2019, Catégories: fh, inconnu, Collègues / Travail volupté, Oral ecriv_f,

    ... l’air intéressée, mais j’y comprends rien, et ces discussions m’ennuient très vite. Moi qui ai fait un BEP, je ne suis pas non plus de leur catégorie… De toute façon ils ne s’occupent pas de moi ; je n’ai pas l’attitude, je n’ai pas le genre, je n’ai même pas l’âge, et je m’efface, discrète, puis invisible… Le responsable du magasin arrive, un quart d’heure en retard (les quinze minutes manquantes qui nous obligeront à speeder au petit matin…), et nous emmène à l’intérieur du magasin. Il nous donne les directives habituelles, les listings, et par petits groupes nous sommes éparpillés dans les rayons. Nous commençons le travail de fourmis qui nous est demandé : compter, cocher, recommencer… Il est deux heures, j’ai faim ! Je n’ai rien apporté à grignoter, quelle conne… Lors du dernier inventaire que j’ai fait, une fille m’avait offert deux ou trois « Roudor », et ça m’avait permis de tenir jusqu’au matin. Là je n’ai rien, et pas question de taper dans la marchandise évidement, on est assez surveillé… de toute façon je suis au rayon « piles » ! Trois heures… j’ai vraiment trop faim… Je commence à sentir monter une hypoglycémie malvenue ; ce n’est vraiment pas le moment, il reste encore deux heures de boulot… Je pourrais demander à l’un de mes collègues s’il n’a pas quelque chose à grignoter … oh, j’ai pas du tout envie d’aller mendier quoi que ce soit ! C’est à ce moment là que le responsable sort de l’arrière du magasin, la réserve, et vient vers moi, qui suis la première ...
    ... personne sur son chemin… — Ils ont livré les conserves pour la cafèt’, vous pouvez venir les compter s’il vous plaît ?— Heu, oui, mais qui va finir le rayon ?— C’est très rapide, y en a pas pour longtemps, vous reprenez après. Ai-je vraiment le choix ? C’est encore moi qui vais finir la dernière… Mais j’avoue que le mot « cafèt’ » sonne pour moi comme « endroit où il est facile de piquer un truc à manger sans se faire griller » ! Je suis donc le gars dans le labyrinthe de béton floqué de l’arrière magasin… Nous passons plusieurs portes battantes, tournons à droite, à gauche, montons un petit escalier de fer en colimaçon, et enfin arrivons à la cafétéria, par la cuisine. Elle est déserte, et seule la faible lumière de l’applique de la sortie de secours éclaire les lieux. En fait, chaque élément d’inox se renvoie cette lueur, et finalement la cuisine n’est pas obscure, mais juste dans la pénombre. Tout n’est que carrelage blanc et métal gris, impeccablement nettoyé, rangé, et le seul son est celui du courant électrique qui passe derrière les réfrigérateurs et congélateurs, et celui de nos pas. Nous traversons l’endroit jusqu’à la grande salle du self, pas plus lumineuse. C’est là, en plein milieu, qu’ils ont laissé deux palettes de conserves. Des boîtes énormes de légumes cuisinés, purées, fruits au sirop, et moi je vais devoir les compter… — Mais il y en a pour plus d’une heure !— Et bien vous faites au mieux, je mettrai quelqu’un d’autre sur votre rayon, tant pis, mais les ...
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