1. Récits érotiques de la mythologie (8). Phèdre ou le complexe de la belle-mère.


    Datte: 18/04/2019, Catégories: A dormir debout,

    ... sauvés. Chaque homme est prédestiné et aucune bonne action ou comportement exemplaire ne saurait changer le fait initial d'avoir ou pas la grâce divine. Ainsi Phèdre met en avant la croyance de Racine en la théorie de la prédestination, ainsi que la misère de l'homme sans la grâce divine. Phèdre, étant la fille du sage roi Minos et de l'indigne épouse Pasiphaé, illustre d'abord par son hérédité la transmission de la faute. La passion amoureuse empêche les hommes d'être libres. Phèdre peut aussi servir d'avertissement à un siècle, le XVIIe, et plus généralement à toute époque marquée par les débordements amoureux. Zola, dans son roman « La Curée » (1872) dans la série des Rougon-Macquard, imagine une histoire d'amour entre une jeune femme, Renée Saccard, et son beau-fils Maxime. A l'inverse d'Hippolyte, Maxime adore le monde féminin, jusqu'à son physique qui accentue son attirance. Il épouse Louise parce que son père arrange ce mariage. Il est le pur produit de la dégénérescence de son époque. Renée, issue de la noblesse, connaît la mésalliance en épousant Aristide Saccard. Elle est violentée par un homme plus âgé qu'elle, le jour même du coup d'état de Napoléon III : elle est déshonorée. Elle représente la France profanée par un imposteur. C'est aussi le renouvellement de la tare originelle inventée par Racine pour expliquer le dérèglement moral de son héroïne qui reflète celui de toute une catégorie sociale, la noblesse. La mésalliance concrétise le matérialisme d'une ...
    ... société qui ignore la pureté des relations : l'amour entre Renée et son mari n'existe pas, il est remplacé par l'argent. Renée connaît un destin tragique : elle est prise d'une passion frénétique pour Maxime qui l'abandonne pour épouser la jeune fille qu'a choisie son père. Elle meurt dans la solitude alors que le roman se termine sur le triomphe cynique de Saccard. Le mythe de Phèdre continue à inspirer des écrivains contemporains, notamment le grand poète grec Yannis Ritsos. Les feux du désir de Phèdre pour Hippolyte n’ont peut-être jamais été chantés avec autant d’intensité que dans cette version du mythe par le poète grec Yannis Ritsos. La Phèdre de Yannis Ritsos est une femme accomplie. Elle est touchée par un amour soudain, sans préavis, amour qui changera sa vie de façon définitive. Malgré la différence d’âge, inconcevable quand il lie une femme à ce stade de la vie à un homme qui pourrait être son fils, Hippolyte, et malgré le lien presque filial qui les unit, cet amour pourrait être beau, pur, juvénile. La réponse est brutale. Cette passion est coupable, impure, sale. Dans la bouche d’Hippolyte, les femmes sont en elles-mêmes coupables d’impureté, bien avant d’avoir commis le moindre crime. Au-delà de la question de la féminité, se pose, simplement, celle de la « pureté ». Phèdre est victime d’une situation qui l’emprisonne, comme l’oiseau pris dans la glu. Chaque action, chaque décision l’empêtre plus. Seule la mort peut résoudre la situation, mais, comme le dit Ritsos, ...
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