Le Dauphin - Histoires de Sexe

Le Dauphin

... belle. Que de plus l’on refuse même de leur servir à manger. L’intendante sourit et demande : — Connaissez-vous la deuxième épître de Saint Paul apôtre aux Thessaloniciens ? Les jeunes femmes la regardent interloquées, sauf Ann qui récite : — Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément : Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.— Vous plaisantez, s’insurge Elizabeth. Je suis la fille du duc de Galacester.— Cela implique-t-il que les commandements de Notre-Seigneur ne s’appliquent pas à vous ?— Je veux parler à votre maître. Ses directives ont dû être mal interprétées. Et qui est-il ?— Monseigneur le Dauphin n’est pas là. Les trois jeunes filles se regardent, un peu surprises de la qualité du personnage. Elizabeth demande : — Quand rentre-t-il ?— Nous l’attendons dans l’après-midi.— Vous verrez quand il apprendra ce qui se passe présentement, il remettra les choses dans leur ordre. La discussion se poursuit, mais malgré la fureur des trois filles, elle reste inflexible et elles repartent le ventre vide. Sur les trois heures, elles entendent une cavalcade. Un groupe de cavaliers arrive. Il y une dizaine de gardes escortant le maître de céans. Elles se dirigent vers le vestibule. Quand Louis entre Elizabeth fait une rapide révérence et attaque : — Monseigneur. Il se passe ici des choses inconcevables. Rendez-vous compte, on veut nous faire mourir de faim et… Louis l’interrompt : — Que nenni…— Je suis heureuse de vous l’entendre ...

... dire.— …mais avez-vous effectué les tâches qui vous étaient confiées.— Monseigneur plaisante, il ne saurait… Ann l’interrompt en s’écriant : — Louis, c’est Louis. Ses deux compagnes dévisagent l’homme devant elles ne pouvant y croire. Le Dauphin confirme : — C’est bien mon nom. Elizabeth balbutie : — Ce n’est pas possible. Toutes trois sont sidérées. Le Dauphin profite de leur silence pour leur expliquer que, vu la manière dont elles avaient traité les canfraises à l’institution de Madame Lincoln, il n’était que justice qu’elles en goûtent les agréments et qu’aujourd’hui, afin qu’elles puissent avancer leur ouvrage, elles sont dispensées de l’enseignement. Là-dessus, il les salue, les laissant médusées. C’est Ann qui réagit la première : — Bon ! Maintenant les choses sont claires. J’ai faim et si nous voulons manger, il faut nous occuper de cette fichue chambre. Elizabeth proteste. Ann enchaîne en se dirigeant vers la porte : — Tu fais ce que tu veux, mais moi j’y vais. Reconnais que ce qui nous arrive n’est pas tout à fait immérité. Victoria hésite puis, devant l’inévitable, la suit. Elizabeth reste seule, bouillante de rage, mais la rage ne nourrissant pas, elle finit par rejoindre ses compagnes. Elles travaillent jusqu’au coucher du soleil où madame Lavenet les interrompt en leur disant qu’un repas les attend à l’office. Les trois jeunes filles affamées et sales ne se le font pas dire deux fois, elles se précipitent. Elles dévorent leur repas et rejoignent leur chambre. ...