Faux-semblants - Histoires de Sexe

Faux-semblants

... imbécile ? Revenant brusquement sur ses pas, au grand dam de Gustaf, Airen s’adressa à la jeune femme : — Ma dame, je ne puis souffrir qu’une beauté si délicate que vous palisse dans le morne silence d’une austère bibliothèque, sans compagnon avec qui discourir… Là, ce n’était plus de la panique qui se lisait dans les yeux du chef des loufiats. Mais de la terreur pure et simple. Paf, les pieds dans le plat ! — Ma foi, je serais fort aise de partager votre compagnie qui m’a l’air fort agréable, messire.— Votre oncle est-il coutumier de vous abandonner ainsi, seule et sans âme qui vive avec qui rompre le silence ?— Non, absolument pas. Sur ce point, il s’assure toujours de me trouver de la compagnie, rétorqua-t-elle d’un rire cristallin, avant de prendre le bras qu’Airen lui tendait. C’en fut trop pour le pauvre Gustaf qui ne put réprimer un hoquet et devint blanc comme un linge. — Je suis Svanislas de Treviz, antiquaire. À votre service, ma dame.— Alia, nièce du Comte. Et je l’espère bien, dit-elle dans un sourire. Le majordome avait repris un peu de sa contenance, en entendant la jeune femme mentionner son oncle. Et bien que celle-ci n’ait marqué aucune surprise, le faux Svanislas aurait mis sa main à couper qu’elle venait d’entrer dans le mensonge du serviteur.Fortiche, la donzelle. — Gustaf, vous pouvez nous laisser… Je raccompagne le sieur de Treviz au Grand salon. Je lui jouerai un peu de harpe…— Bien, ma dame. C’est ça, file, minet, va faire ton rapport à ton amant. — ...

... Vous avez les mains bien froides, ma demoiselle. Laissez-moi vous les réchauffer entre les miennes.— Merci, mais je pense que nous ne sommes pas encore assez intimes pour cela. Bon sang, ce regard de petite cochonne… Je sens que ça va être dur de rester concentré… ******************************* Finalement, l’attente avait duré près de trois heures. Trois heures à, essentiellement, écouter de la harpe.C’est d’un chiant… avait plus d’une fois pensé l’aventurier. Mais, heureusement pour lui, il ne se lassait pas de la plastique de la musicienne, qui avait été peu avare en œillades prometteuses. Entre les caresses sensuelles sur les courbes de l’instrument, les jeux de regards lubriques et les moues sensuelles, la harpiste avait clairement fait comprendre ses intentions à son auditeur. Celui-ci, déployant des trésors d’imagination pour étoffer sa couverture, tout en essayant de paraître sous un jour avantageux malgré sa tenue ridicule, avait entrepris tout le concert durant de donner suite à ces élans. Tout en jouant les esthètes fortunés, il avait dévoilé un côté viril et aventureux de son personnage : tombes oubliées, périls magiques, créatures de cauchemar, il développait son personnage de faux antiquaire mais vrai pilleur de trésor, afin – il l’espérait – que ça arrive aux oreilles de sa cible. Mais, tout en soulignant le côté ambigu de Svanislas de Treviz et sa nature aventureuse pour plaire à la jeune fille de bonne famille, il essayait de la pousser dans ses retranchements. ...