Mise en scène - Histoires de Sexe

Mise en scène

... cet instant, on frappe à la porte, il est presque minuit. Je me lève et regarde par le judas. Impossible de voir, le palier est éteint. Je retourne à mon écran et j’informe Servigo de l’événement. — « Vous attendiez de la visite ? »— « Non ! »— « Qui croyez-vous que cela peut être ? »— « Je me demande si ce n’est pas mon voisin ! »— « Vous croyez ? Et bien alors allez ouvrir, vous verrez bien ce qu’il veut. »— « Mais si ce n’est pas lui ? Ou bien si c’est lui, j’ai peur de comprendre quel sentiment l’anime. »— « Vous croyez qu’il va vous violer ? Un homme de 60 ans ? »— « Non, bien sûr, mais… » On frappe à nouveau ! — « Je crois que cela doit être lui, il recommence, qu’est ce que je dois faire ? » Je sens une vraie panique m’envahir, parce que ce qui était virtuel depuis le début de ce dialogue devient tout à coup bien réel. Je n’ai plus d’échappatoire maintenant. Mon propriétaire m’a vu nue, sur son palier, et même si je n’ouvre pas ce soir, tôt ou tard il me faudra bien affronter de nouveau son regard et ses questions. — « Tout d’abord, ne paniquez pas ! Après tout vous le connaissez, allez ouvrir et demandez lui ce qu’il veut. »— « Et s’il veut entrer ? »— « Vous verrez bien ! » J’enfile une robe de chambre. Je mets la chaîne de sécurité et j’entrouvre la porte. — « Qui est là ? » Il apparaît dans le rayon de lumière qui filtre de mon entrée. Il a l’air soucieux. Les cheveux blancs et drus forment comme un casque autour de son visage un peu rouge. Les lèvres minces, les ...

... yeux cernés mais luisants, le nez large et vérolé et puis son ventre proéminent qui caractérise sa silhouette. — « C’est moi, c’est monsieur Roger. Je viens m’excuser pour tout à l’heure. Je vous ai traité de dépravée, je regrette. »— « Ce n’est pas grave. »— « Vous aviez dit aussi que vous aviez des problèmes, j’aurais voulu vous aider. »— « Non ce n’est pas la peine, merci. » Il essaie de voir par l’entrebâillement comment je suis vêtue. Il a l’air d’un gros chat qui tente de pactiser avec la souris afin qu’elle sorte de sa cachette. Il ne sait pas comment continuer la conversation, pourtant je sens qu’il n’a pas envie d’en rester là. — « Ne croyez surtout pas que j’essaie de me mêler de vos affaires, mademoiselle Montès. Vous avez votre vie et si certaines circonstances vous obligent à vous promener nue dans l’immeuble, ce n’est pas moi qui y trouverai à redire… » Il s’interrompt tout à coup, comme si sa langue avait été plus vite que sa pensée. Je comprends tout à fait ce qu’il ressent, la frustration de l’occasion manquée. Il m’a vu nue et cela n’a fait que lui ouvrir l’appétit. — « … Enfin, je voulais que vous sachiez que quoi qu’il arrive, vous pouvez compter sur moi. »— « C’est gentil, je vous remercie. » Ne sachant comment mettre un terme à cette discussion embarrassante, je choisis de refermer la porte, lentement mais inéluctablement. Je retourne à mon écran. Je fais mon compte-rendu. Selon moi, cet homme a pris ma nudité en pleine figure et il ne sait pas comment ...